Congédiement de Laurent Ciman : « Je ne m’y attendais pas du tout »

Pour Laurent Ciman, « la pilule est dure à avaler ». L’ancien entraîneur adjoint du CF Montréal, congédié à sa plus grande « surprise » jeudi dernier, s’est confié à La Presse, lundi matin.

« Je n’ai pas envie de casser du sucre sur qui que ce soit, dit-il d’emblée après avoir répondu à notre appel. Je pensais que mon travail était reconnu. Je pense que mon travail était fait, et bien fait. Après, on fait tous des choses sur lesquelles on doit s’améliorer. Je ne dis pas que j’étais parfait. Mais je pensais être respecté. »

La nouvelle que Ciman était largué, lui et trois autres membres du personnel d’entraîneurs de Laurent Courtois, est sortie jeudi, dans la foulée d’une restructuration majeure du volet sportif chez le CFM.

Le Belge, ancien général de la défense montréalaise et adjoint à l’entraîneur-chef du CFM depuis 2021, a lui-même appris son congédiement cette journée-là. « Je ne m’y attendais pas du tout, dit-il. Ça a été une surprise. »

Il a rencontré Courtois – présentement en France – et Gabriel Gervais, en visioconférence, vers midi. Le président s’adressait aux médias à 14 h. La première question qui lui a été posée, par l’auteur de ces lignes, concernait le congédiement de Ciman.

Gervais a répondu ne pas vouloir « entrer dans les détails » des « discussions confidentielles » qu’il a eues avec son ancien employé. Mais plus tard, en réplique à une autre interrogation, des éléments de réponse ont émergé.

« On ne peut pas allouer 64 buts dans une saison et espérer avoir du succès », avait dit Gervais, qui a aussi parlé de sa volonté de « changer la mentalité » pendant les séances au Centre Nutrilait.

Le président du CF Montréal, Gabriel Gervais

Le président a déploré un certain manque de hargne à l’entraînement, où des joueurs acceptaient sans trop chigner de se faire marquer des buts. « C’est le staff qui doit, jour après jour, mettre en place les petits détails pour qu’on ait du succès », soulignait Gervais.

Au téléphone avec La Presse, Ciman répète qu’il ne veut pas « viser qui que ce soit », mais il souhaite quand même répliquer à ces flèches lancées par le président.

« On a pris 64 buts, et ce n’est pas normal, certes, juge l’ancien défenseur. Je suis d’accord avec lui. De un, je ne suis pas sur le terrain. De deux, ce n’est pas moi le coach, donc ce n’est pas moi qui décide des exercices qu’on fait la semaine pour préparer le week-end. Et de trois, il faut qu’il arrête de regarder le hockey. »

Là-dessus, Ciman fait référence aux entraîneurs de hockey spécialisés sur un aspect ou un autre du jeu, comme les unités spéciales ou les gardiens de but.

« Je ne suis pas assistant coach de la défense, moi. Je suis assistant coach global. […] Oui, on a des rôles plus définis. Mais tu peux demander à n’importe quel attaquant ou milieu, comme Sunusi Ibrahim, Bryce Duke ou Nathan Saliba : je travaille avec tout le monde. Je ne travaille pas juste avec la défense. C’est facile de dire ça. »

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Laurent Ciman console Bryce Duke après le dernier match de la saison du CF Montréal, le 22 octobre dernier.

« J’ai tout donné »

En présaison de la campagne 2024, lorsque La Presse a fait le voyage à Orlando, les deux Laurent semblaient s’entendre comme larrons en foire. Nous voici en novembre de cette même année, et Courtois a fait partie du processus décisionnel menant au congédiement de Ciman.

La relation a-t-elle changé ? « Oui, elle a été différente, répond l’ancien numéro 23 de l’Impact. Mais pas à cause de moi. »

« La meilleure personne pour en parler, c’est lui, ajoute Lolo. Moi, je n’ai pas changé mon fusil d’épaule. Les personnes qui me connaissent savent que je n’ai qu’une parole, et ce que je dis, je le dis en face. »

Encore une fois, la pilule est dure à avaler, parce que j’aime le club. J’ai tout donné. On ne peut pas me le remettre en cause.

 Laurent Ciman

Les fins observateurs des matchs du CF Montréal auront peut-être remarqué que Ciman ne voyageait plus avec l’équipe lors des rencontres à l’étranger. Cette information a été relevée dans nos pages, la semaine dernière, lorsqu’on tentait de mieux comprendre pourquoi l’adjoint avait été renvoyé.

« C’était dans mon contrat, rappelle-t-il. On savait très bien pourquoi je ne faisais plus les voyages. C’est facile aujourd’hui de me le reprocher. »

Ciman restait en ville pour prendre soin de sa fille Nina, autiste, l’une des raisons principales pourquoi il a tenté l’aventure montréalaise en MLS à partir de 2015.

Nina a aujourd’hui 14 ans. « Lorsqu’elle fait des crises, que ma femme est toute seule, physiquement, ça devient compliqué. »

L’accord qu’il avait avec le CFM était « exceptionnel », convient Ciman. « J’ai toujours été reconnaissant vis-à-vis du club de pouvoir me laisser gérer ma famille. Pendant les matchs, je textais le coach ou les assistants quand il le fallait, pour leur dire ce que je voyais à la télé.

« Je ne cherche pas à me justifier, je cherche juste à clarifier les choses », souligne notre interlocuteur, qui discutera une dizaine de minutes avec La Presse au bout du fil.

« Mon fils est triste »

Cela fait maintenant deux fois que le parcours de Ciman se termine en queue de poisson avec Montréal. Rappelons que cette figure bien connue du public québécois avait été échangée contre son gré au LAFC, en décembre 2017, à l’arrivée de Rémi Garde.

« C’est ça qui fait mal. Surtout quand on connaît le pourquoi je suis venu au Québec et au Canada. »

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Laurent Ciman, alors qu’il jouait avec l’Impact de Montréal, en 2017

Il assure que la famille va « très bien ». « Mes enfants sont à l’école. On suit le petit parcours. Mais je ne vais pas te mentir, mon fils est triste. Il aimait bien le CF. Il ne comprend pas trop pourquoi son papa n’est plus là. »

Achille vient d’avoir 11 ans. Son anniversaire était… jeudi dernier.

J’ai dû faire semblant de rien, pour le bien de mon enfant. Mais bon, c’est ça, le rôle d’un papa.

 Laurent Ciman

Ciman assure qu’il a « besoin de travailler », et qu’il va « passer des coups de fil à droite et à gauche », puisqu’il a « des projets en tête » et « encore des choses à donner dans le soccer ».

Au Québec ? « On ne sait jamais », dit-il, laissant ainsi la porte ouverte à un départ vers d’autres cieux.

Mais du CF Montréal, Ciman veut « partir la tête haute », conclut-il.

« Avec les qualités qui sont les miennes, et le travail que j’ai effectué. Le reste, je ferme le bouquin. »

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