Des chercheurs ont présenté, hier, lundi trois février, un rapport suggérant de réduire la consommation de viande des Français de 15% d’ici 2035. Cette réduction serait adaptée en fonction des spécificités de chaque catégorie socio-économique, afin de prendre en compte les contraintes et attentes de chacun. L’objectif de cette proposition est de stimuler un débat sur ce sujet, qui reste délicat.
Le rapport fait état du fait que la consommation de viande en France est stable depuis dix ans. Les chercheurs de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) et de l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) soulignent qu’une alimentation plus saine et respectueuse de l’environnement passe par une diminution de la consommation de viande et une meilleure qualité des produits alimentaires.
Concrètement, selon ce rapport, les familles plus aisées et diplômées, souvent plus enclines à adopter une alimentation moins carnée et ayant les moyens de le faire, pourraient réduire leur consommation de viande de 26%. En revanche, pour les familles modestes vivant en milieu urbain, cette réduction serait plutôt de 10%.
Les chercheurs insistent sur le fait que pour réussir cette transition, il ne suffit pas d’attendre un changement spontané des habitudes des consommateurs, mais il faut mettre en place des actions concrètes. Pour Mathieu Saujot, directeur du programme « Modes de vie en transition » à l’Iddri, il est important de « dédramatiser le sujet » et de rapprocher les producteurs des consommateurs, notamment par la vente directe, une idée soutenue par Benoît Drouin, agriculteur en polyculture élevage.
L’étude propose également de développer des alternatives végétales à la viande, à l’image des produits végétariens comme ceux créés par Fleury Michon, comme l’a souligné Billy Salha, son directeur général. Les chercheurs suggèrent également de renforcer l’encadrement de la publicité et de l’étiquetage des produits, ainsi que de faciliter l’accès à des informations via les médias et les ONG.
Par ailleurs, l’adjointe au maire de Montpellier, Marie Massart, a proposé d’augmenter le nombre de repas végétariens dans les cantines municipales comme mesure pour accompagner cette transition.
L’étude distingue 12 catégories socio-économiques, en fonction de leur niveau de revenus, de diplôme, de la composition de leur foyer, de leur âge et de leur lieu de vie. À partir de ces critères, les chercheurs ont tracé une trajectoire de réduction de la consommation de viande pour chaque groupe, aboutissant à un objectif global de 15% entre 2023 et 2035. Par exemple, les femmes seules, qui consomment en moyenne moins de 100g de viande par jour, pourraient réduire leur consommation de 36%, tandis que les hommes seuls, avec une consommation moyenne de 140g, pourraient la diminuer de 7%.