Parti de Kinshasa, un projet artistique inédit baptisé The Herds entend parcourir 20 000 kilomètres jusqu’au cercle polaire arctique avec 40 marionnettes d’animaux grandeur nature, dans le but de sensibiliser aux conséquences du dérèglement climatique sur les déplacements humains.Après le succès de Petite Amal, la marionnette de 3,5 mètres qui avait traversé l’Europe en 2021 pour plaider la cause des enfants réfugiés syriens, l’équipe de The Walk s’engage désormais pour la justice climatique. Leur nouvelle initiative met en scène girafes, gorilles et zèbres, fabriqués à partir de bois recyclé au Cap par le collectif Ukwanda Puppet and Design.
Depuis le 10 avril, les marionnettes traversent villes et frontières. Accueillies avec ferveur à Dakar, elles ont déambulé dans les quartiers de Médina et Ngor, chanté avec les habitants, et dansé aux côtés du « Kumpo » figure mythologique Jola sur la plage de Golf Sud. Au total, une vingtaine de métropoles accueilleront cette performance itinérante : Marrakech, Madrid, Paris, Londres, jusqu’à Trondheim, où l’arrivée est prévue début août. Le projet, à la fois artistique et politique, mise sur la surprise et la participation citoyenne. Plus de 2 000 volontaires sont formés à la manipulation des marionnettes tout au long du parcours. Le site de The Herds propose même des tutoriels pour construire sa propre marionnette.
Pour Amir Nizar Zuabi, directeur artistique palestinien du projet, cette œuvre est un cri d’alarme. Il rappelle que si l’Afrique contribue peu au réchauffement climatique, elle en subit les pires effets. « Ce qui se passe à Kinshasa a un impact à Trondheim, et vice versa. Nous faisons tous face aux mêmes menaces », affirme-t-il.
Les chiffres confirment cette urgence. Le HCR estime que plus de 200 millions de personnes pourraient être déplacées à cause des catastrophes climatiques d’ici 2050. La Banque mondiale prévoit, quant à elle, jusqu’à 86 millions de déplacés internes en Afrique subsaharienne si rien n’est fait. À travers cette marche lente, spectaculaire et poétique, The Herds porte la voix des oubliés du climat et relie symboliquement les continents dans une même exigence de solidarité écologique.