Le Premier ministre burkinabè, Jean Emmanuel Ouédraogo, est monté au créneau lundi soir sur les antennes de la télévision nationale pour dénoncer ce qu’il considère comme une menace orchestrée depuis l’étranger contre son pays. Au cœur de ses déclarations : la Côte d’Ivoire, qu’il soupçonne d’abriter les instigateurs d’une tentative de déstabilisation du régime en place à Ouagadougou.
Selon le chef du gouvernement, les cerveaux du présumé complot, tout comme ceux d’autres opérations similaires, auraient trouvé refuge à Abidjan. « Tous sont aujourd’hui installés en Côte d’Ivoire, qui les accueille et les soutient », a-t-il déclaré, pointant du doigt des ressortissants burkinabè vivant sur le sol ivoirien. Ces derniers seraient, selon lui, en lien avec des groupes armés et chercheraient à miner la cohésion et la détermination des forces de défense burkinabè.
Jean Emmanuel Ouédraogo a toutefois tenu à distinguer les gouvernements des peuples : « Il n’existe aucun conflit entre les populations du Burkina et celles de la Côte d’Ivoire. Ce que nous dénonçons, le peuple ivoirien l’ignore. Il est lui-même victime d’un système oppressif que nous combattons. »
Appelant à une union des peuples face aux défis communs, le Premier ministre a regretté ce qu’il considère comme une manipulation à grande échelle : « Ce combat pour une souveraineté réelle doit rassembler les peuples burkinabè, ivoirien, malien, nigérien… C’est désolant de constater que le peuple ivoirien est aujourd’hui otage d’intérêts qui ne sont pas les siens. »
Sur le cas d’Alain Traoré, connu sous le nom d’Alino Faso, arrêté en Côte d’Ivoire pour des faits présumés de subversion, Ouédraogo s’est dit abasourdi. Il décrit cet homme comme un pont entre les deux nations : « Il a toujours œuvré pour l’amitié entre nos pays. Il réside en Côte d’Ivoire avec sa famille ivoirienne. Son arrestation soulève des questions. »
Pour le chef du gouvernement burkinabè, cette interpellation ne serait qu’une diversion : « Nous attendons des explications claires. Mais tout porte à croire qu’il s’agit d’une tentative de ternir l’image du Burkina Faso. »