À six mois de la présidentielle d’octobre 2025, Laurent Gbagbo a annoncé la création du mouvement « Trop c’est trop », confié à Sébastien Danon Djédjé, président exécutif du PPA-CI, pour sa mise en place. A l’occasion d’une réunion du Comité central du parti à Abidjan, Gbagbo a précisé qu’il s’agit d’un mouvement apolitique, ouvert à tous les citoyens. « Danon, fais en sorte que ‘Trop c’est trop’ apparaisse dans les semaines à venir. Peu importe ton parti politique », a-t-il déclaré.
Destiné à canaliser le mécontentement populaire face aux injustices sociales, « Trop c’est trop » se veut un espace d’expression pour ceux qui subissent expulsions, spoliations ou chômage malgré leurs diplômes. Gbagbo a rappelé que cette initiative découle d’un appel lancé à Bonoua, et non d’une coalition politique. Décrivant ce nouveau mouvement comme « une protestation multiforme et permanente », il a insisté sur la nécessité de donner la parole aux victimes des dérives politiques.
Évoquant la situation au sein du PDCI, où des rivalités internes secouent le parti, Gbagbo a assuré que le PPA-CI continuerait de soutenir cette formation historique pour préserver la diversité politique en Côte d’Ivoire. « Nous ne faisons pas de troc politique. Même après ma mort, je souhaite que le PDCI existe toujours », a-t-il affirmé. Le contexte politique reste tendu. Tidjane Thiam, président du PDCI, a été radié de la liste électorale après que la justice a constaté sa perte de nationalité ivoirienne en 1987, lorsqu’il a acquis la nationalité française. Le Code de la nationalité ivoirienne stipule en effet qu’un Ivoirien majeur naturalisé étranger perd automatiquement sa citoyenneté.
Gbagbo a aussi confié que plusieurs discussions sont en cours sans qu’il ne soit directement initiateur. « Ceux qui sont au pouvoir, demandez-leur de m’appeler », a-t-il lancé, laissant entendre une possible ouverture au dialogue. Enfin, évoquant un incident survenu le jour même, il a dénoncé la venue de policiers venus photographier son bureau. « C’est de la petite peur », a-t-il ironisé, assurant que son camp reste vigilant et déterminé : « On prendra les rues un jour, mais pas quand l’adversaire nous y attend. »