ArcelorMittal prévoit plus de 600 suppressions de postes dans le nord de la France

ArcelorMittal a annoncé une réduction drastique de ses effectifs dans ses sites du nord de la France. En pleine tourmente industrielle, le géant sidérurgique envisage la suppression de plus de 600 postes, affectant à la fois les fonctions support et les équipes de production.

L’annonce a été faite mercredi 23 avril, à l’occasion d’un comité de groupe européen réuni à Luxembourg. Elle intervient dans un contexte de crise profonde pour l’industrie de l’acier en Europe. Le groupe entend transférer jusqu’à 1 400 postes d’Europe occidentale vers l’Inde et la Pologne, dans une logique de réduction des coûts. Le marketing, l’informatique et les services commerciaux sont concernés au premier chef.

En France, la facture est lourde : entre 210 et 260 emplois liés aux fonctions support seront délocalisés. Mais l’impact va bien au-delà : environ 400 postes de production devraient également être supprimés dans sept usines implantées dans les Hauts-de-France, notamment à Dunkerque, Florange, Basse-Indre, Mardyck, Mouzon, Desvres et Montataire. Ces sites emploient ensemble quelque 7 100 personnes.

Pour les représentants syndicaux, la nouvelle est tombée comme un choc. « C’est un coup de massue », a réagi Jean-Marc Vecrin de la CFDT, déplorant que le groupe ait profité d’une réunion sur les fonctions support pour annoncer ces suppressions. Gaëtan Lecocq, responsable CGT à Dunkerque, évoque un « tsunami industriel et social » et accuse la direction de vouloir « saboter l’outil industriel » pour favoriser des délocalisations massives vers l’Inde et le Brésil.

Selon lui, la sécurité même des sites est en péril. À Dunkerque, jusqu’à 180 emplois pourraient disparaître. Pour Jean-Luc Ruffin, secrétaire CGT du comité européen, cette politique n’est que le début d’un processus de démantèlement : « Aujourd’hui les fonctions support, demain la production ».

De son côté, la direction d’ArcelorMittal reconnaît une décision « difficile », prise dans un contexte européen dégradé pour la sidérurgie. Bruno Ribo, nouveau directeur général pour la France, affirme qu’un dialogue va s’ouvrir avec les partenaires sociaux dès la semaine prochaine. Il évoque des possibilités de reclassement en interne, sans donner de chiffres précis à ce stade.

Par ailleurs, les projets d’investissement pour la décarbonation du site de Dunkerque restent d’actualité, bien que leur officialisation soit repoussée. La concrétisation de ces investissements, conditionnée à une restauration de la compétitivité du site, reste incertaine.

L’État, qui a promis 850 millions d’euros d’aide pour un projet de 1,8 milliard, se montre attentif. Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, assure suivre le dossier de près. Mais l’impatience monte dans le monde politique. Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, réclame des garanties claires. Fabien Roussel, député communiste, va plus loin : « Ou bien ArcelorMittal investit chez nous, ou bien il faut nationaliser. La guerre de l’acier est lancée. »

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