Le Burkina Faso, le Mali et le Niger s’unissent pour bâtir une stratégie aérienne commune. Réunis à Bamako du 13 jusqu’au 17 avril, les chefs d’état-major des armées de l’air des trois pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) jettent les bases d’une défense intégrée.
Présidée par le Général malien Oumar Diarra, la rencontre a posé les fondements d’une doctrine militaire régionale axée sur l’interopérabilité des équipements, les frappes coordonnées, le partage du renseignement et la formation conjointe des pilotes.
Les trois armées veulent faire de la puissance aérienne un outil de réponse rapide face aux menaces transfrontalières. Cette initiative marque une rupture avec les logiques d’assistance militaire extérieure et affirme la volonté des États sahéliens de reprendre le contrôle de leur sécurité.
Cette dynamique intervient dans un contexte de vives tensions diplomatiques entre l’Algérie et le Mali. Alger accuse Bamako d’avoir violé son espace aérien avec un drone ; le Mali dément. En réaction, les deux pays ont rappelé leurs ambassadeurs, entraînant une escalade diplomatique. Le Niger et le Burkina Faso ont exprimé leur solidarité en rappelant également leurs représentants.
Cette crise révèle un fossé croissant entre les positions algérienne et sahélienne. Alger dénonce l’usage massif de drones armés par Bamako et sa stratégie sécuritaire jugée unilatérale. En retour, le Mali reproche à l’Algérie sa passivité face aux groupes armés du Nord et son implication dans les affaires touarègues.
Dans ce climat tendu, le projet de défense aérienne commune de l’AES s’impose comme un signal fort : les pays sahéliens entendent construire une souveraineté militaire sans intermédiaire.