Après trois mois d’audience, le tribunal correctionnel de Paris rendra son verdict le 25 septembre. Nicolas Sarkozy risque sept ans de prison. Il est accusé d’avoir financé illégalement sa campagne présidentielle de 2007 avec des fonds libyens.
Le procès a débuté le 6 janvier. Sarkozy a nié en bloc les accusations, dénonçant un « réquisitoire politique et violent ». Il est poursuivi pour corruption passive, association de malfaiteurs, financement illégal de campagne et recel de fonds publics libyens détournés.
Le parquet estime qu’il existe des preuves suffisantes. Douze autres personnes, dont Claude Guéant, Brice Hortefeux et Éric Woerth, comparaissent également. L’enquête a révélé des circuits opaques de transferts d’espèces depuis la Libye, à une période compatible avec la campagne de 2007.
L’ONG Sherpa, partie civile, a joué un rôle actif dans le procès. Son avocat, Vincent Brengarth, assure qu’il s’agit d’un dossier « riche », « solide » et loin d’être « vide ». Il dénonce une stratégie de défense basée sur une « logique clanique » où tous les prévenus s’alignent sur la version de Sarkozy.
Les témoignages contre l’ancien président sont nombreux. En 2011, Saïf al-Islam Kadhafi affirmait que Sarkozy devait « rendre l’argent » reçu pour sa campagne. En 2018, un reportage de France 2 recueille les déclarations de proches du régime libyen, confirmant un soutien financier. Moftah Missouri, conseiller de Kadhafi, et Béchir Saleh, ancien directeur de cabinet, confirment la version. Ziad Takieddine, homme d’affaires franco-libanais, dit avoir transporté plusieurs millions d’euros en liquide entre 2006 et 2007 à destination de Sarkozy et de Guéant.
Mais en 2020, Takieddine se rétracte dans une interview à Paris Match, affirmant avoir menti sous pression judiciaire. Sarkozy crie alors victoire, annonce des poursuites pour dénonciation calomnieuse et dénonce une instruction sans preuve. Il affirme que « jamais il ne m’a remis d’argent ».
Cette volte-face alimente une autre enquête. En avril 2024, la justice découvre que 608 000 euros auraient été utilisés pour obtenir la rétractation de Takieddine. Michèle Marchand, proche du couple Macron, est mise en examen pour subornation de témoin. Carla Bruni Sarkozy est également poursuivie.
L’enquête principale remonte à 2012. Elle s’appuie sur des faits remontant à 2005, année où Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, se rend en Libye. Dès 2006, Guéant loue un coffre à la BNP. Une expertise révèle que 250 000 euros en espèces ont été utilisés pour payer l’équipe de campagne.
En décembre 2007, Kadhafi est reçu à Paris avec les honneurs. Mais dès 2011, Sarkozy soutient les rebelles libyens. Le régime se sent trahi. Le clan Kadhafi accuse alors publiquement l’ancien président français de financement occulte. En 2012, Chokri Ghanem, ex-ministre du pétrole, est retrouvé noyé à Vienne. Il aurait tenu un carnet listant des paiements à Sarkozy.
Le procès a exposé une affaire complexe, mêlant argent liquide, réseaux diplomatiques et tensions politiques. Le 25 septembre, les juges devront trancher : simple acharnement ou vérité explosive sur la campagne de 2007.