Les auditions devant la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Bétharram révèlent des soupçons persistants sur une intervention de François Bayrou, alors ministre de l’Éducation nationale, en 1998. Plusieurs témoignages laissent entendre que son action aurait été motivée par la présence de son fils parmi les élèves de l’établissement visé.
L’ancien gendarme Alain Hontangs a affirmé que le juge Christian Mirande lui avait confié qu’« il y a eu une intervention de M. Bayrou ». Cette intervention aurait conduit à retarder la présentation au juge du prêtre Siviet Carricart, mis en cause dans une affaire de violences sexuelles impliquant des dizaines d’enfants.
Un autre gendarme, également entendu, a confirmé avoir eu connaissance de ces propos à l’époque. Le juge Mirande, quant à lui, a déclaré ne pas se souvenir d’avoir mentionné Bayrou, tout en reconnaissant avoir été étonné par l’ingérence du procureur général : « C’était la première fois que ça m’arrivait. »
En 1996, un rapport d’inspection transmis à François Bayrou concluait que l’établissement de Bétharram « n’est pas un établissement où les élèves sont brutalisés ». Ce document de trois pages, jugé superficiel, avait été rédigé à l’issue d’une visite express de Camille Latrubesse. Le député Paul Vannier, rapporteur de la commission, a qualifié cette inspection de « mission impossible ».
Les députés s’interrogent désormais sur un éventuel conflit d’intérêts, évoquant l’éventuelle volonté de Bayrou de protéger son fils, alors élève à Bétharram. L’audition d’un ancien camarade de classe de Calixte Bayrou a ravivé cette hypothèse.
Autre élément troublant : Christian Mirande a confirmé avoir rencontré Bayrou à son domicile, pour un long échange au cours de l’affaire. Ce rendez-vous privé entre le ministre et le juge instruit nourrit les interrogations sur d’éventuelles pressions politiques.
L’affaire Bétharram, qui implique plus de 200 plaintes pour violences sexuelles, soulève une question plus large : celle des interventions politiques dans des dossiers judiciaires sensibles, en particulier quand des proches des décideurs sont concernés.
Après sa mise en examen, le père Carricart avait été libéré sous contrôle judiciaire. Deux semaines plus tard, il fuyait vers le Vatican. En 2000, il aurait mis fin à ses jours.