Affaire Urbain Dangnivo : deux jours d’audiences pleines de rebondissements à Cotonou (Bénin)

Le procès sur la disparition de l’ancien cadre du ministère des Finances, Urbain Dangnivo, a repris les mardi 8 et mercredi 9 avril au tribunal de Cotonou. Après des années d’attente et de silence, les audiences ont été marquées par des témoignages forts, des contradictions et des zones d’ombre qui persistent. Le décès récent de Bernadette Sohoundji, une figure clé dans ce dossier, jette aussi une ombre sur cette reprise.

Codjo Cossi Alofa se rétracte : « On m’a payé pour mentir »

L’homme présenté depuis 2010 comme l’auteur présumé du meurtre d’Urbain Dangnivo, Codjo Cossi Alofa, est revenu sur ses aveux passés. À la barre, il a déclaré que tout ce qu’il avait dit à l’époque était faux. Il affirme avoir été manipulé et poussé à inventer une histoire en échange de 25 millions de francs CFA.

Selon lui, il n’a jamais connu Dangnivo, et encore moins participé à sa disparition. Il évoque aussi un produit traditionnel censé endormir la victime, mais rejette tout usage réel de ce genre de substance.

Une plante traditionnelle au cœur du débat

Pour vérifier ses propos, le tribunal a entendu un médecin spécialisé, le Dr Ghislain Akabassi, qui a parlé d’une plante appelée Ayokpê. Elle pourrait provoquer un endormissement, voire la mort, si elle est mal utilisée. Mais, détail important : elle est extrêmement amère, ce qui rend difficile son administration à l’insu de quelqu’un. « C’est plus amer que la nivaquine », a-t-il précisé.

L’ancien DG de l’ORTB dans une position délicate

Julien Akpaki, ancien directeur général de la télévision nationale (ORTB), a aussi été appelé à témoigner. Il a reconnu avoir mis en contact un homme qui se disait journaliste avec un responsable militaire de la présidence, mais il assure ne pas se souvenir des détails.

Son témoignage a laissé la cour perplexe, car il semble y avoir eu des informations sensibles qui circulaient à l’époque, en lien avec la disparition d’un véhicule, sans que les autorités n’aient fait le rapprochement avec l’affaire Dangnivo.

Une employée de MTN remet en cause un document

Murielle Zinzindohoué, salariée de l’opérateur téléphonique MTN, a contesté la signature qui figure sur un document lié aux relevés téléphoniques d’un suspect. Elle affirme ne pas en être l’auteure, bien que le style de la lettre ressemble à ceux produits par l’entreprise.

Face à cette incertitude, elle a demandé du temps pour consulter les archives de la société. Le président du tribunal, un peu agacé, a rappelé que l’audience ne pouvait pas durer éternellement.

Une affaire toujours floue

Le mercredi, l’audition de la famille Dangnivo a été reportée au jeudi, faute de pouvoir entendre tous ses membres à la fois. Une certaine Yvonne, dont le rôle dans l’affaire reste flou, devrait également être entendue.

Cette affaire, vieille de 15 ans, continue de soulever de nombreuses questions. Le récent décès de Bernadette Sohoundji, qui fut un témoin-clé dans l’enquête initiale, relance aussi les soupçons et les doutes.

Alors que la cour s’efforce de faire la lumière sur ce dossier, les témoignages se contredisent, les souvenirs s’effacent, et la vérité semble toujours hors de portée. Mais une chose est sûre : le pays attend des réponses.

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