Le Gouvernement du Québec entend intensifier ses efforts pour lutter contre l’itinérance en fixant un objectif ambitieux : réinsérer 5000 personnes sans abri dans un logement stable d’ici la fin de l’année. Cette initiative repose sur l’augmentation des projets d’accès au logement et la diminution du recours aux refuges d’urgence.
Le ministre des Services sociaux, Lionel Carmant, a annoncé cette nouvelle cible en marge d’une visite dans une ressource d’aide au logement de la Mission Bon Accueil, située dans le quartier Centre-Sud de Montréal. Il affirme que cette approche est non seulement audacieuse mais aussi réalisable, en s’appuyant sur les succès de l’année précédente où 3144 personnes ont été relogées.
Une réévaluation de la situation de l’itinérance au Québec est prévue le 15 avril, et les autorités s’attendent à une augmentation des chiffres par rapport au dernier recensement. Selon le ministre, l’objectif de 5000 relogements est basé sur les données des organismes financés par le programme fédéral « Vers un chez-soi », qui vise à prévenir et réduire l’itinérance à l’échelle municipale.
Julie Grenier, Porte-parole du Mouvement pour mettre fin à l’itinérance à Montréal (MMFIM), salue la transparence accrue du gouvernement sur le sujet. Toutefois, elle insiste sur la nécessité d’actions concrètes et d’une collaboration étroite entre les différents paliers gouvernementaux. À Montréal, environ 600 personnes bénéficient annuellement d’un logement grâce aux programmes d’aide, mais ces chiffres ne reflètent qu’une partie de la réalité.
Le gouvernement mise désormais sur des solutions durables plutôt que sur des mesures d’urgence. « Avant, l’accent était mis sur les refuges temporaires. Aujourd’hui, nous travaillons sur l’accompagnement vers un logement stable avec des objectifs clairs », a précisé Lionel Carmant.
Une nouvelle ressource d’aide au logement ouvrira ses portes dans les prochaines semaines sur la rue Ontario, à Montréal. Gérée par la Mission Bon Accueil, elle offrira 50 chambres, dont un étage réservé aux femmes. Le programme d’hébergement, d’une durée moyenne de trois mois, vise une intégration rapide vers un logement permanent. Un projet similaire sera lancé prochainement en partenariat avec la Mission Old Brewery.
L’organisme assure avoir consulté les résidents du quartier et les acteurs communautaires avant le lancement de cette initiative. Des règles strictes seront mises en place, notamment l’interdiction de consommation de drogues et d’alcool sur le site. Aucune prise en charge en santé mentale ou en gestion des dépendances n’est prévue.
Despina Sourias, conseillère municipale en charge de l’habitation, considère ce projet comme une avancée importante. Elle exhorte Québec et Ottawa à renforcer leurs efforts pour garantir un accès élargi au logement abordable. « C’est un tremplin vers une stabilité durable pour les personnes les plus vulnérables », souligne-t-elle.