Crise en RDC : Kigali dénonce l’impartialité de l’ONU 

Au détour d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Jean Patrick Nduhungirehe, a critiqué la gestion de la crise en République Démocratique du Congo (RDC) par la communauté internationale. Il a dénoncé une partialité dans les rapports concernant la situation sécuritaire dans l’est de la RDC et a réaffirmé la nécessité pour le Rwanda de maintenir ses « mesures défensives » tant qu’une véritable sécurité ne sera pas assurée.

Nduhungirehe a ciblé particulièrement la Mission de l’ONU en RDC (MONUSCO), l’accusant de ne pas avoir réussi à neutraliser des groupes armés, en particulier les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), qu’il a qualifiées de « milice génocidaire ». Il a également critiqué le gouvernement congolais pour avoir intégré des combattants FDLR dans son armée, leur fournissant des ressources pour poursuivre leur idéologie violente. Selon lui, la MONUSCO a échoué dans l’accomplissement de son mandat depuis 25 ans, en favorisant un « récit biaisé » de la situation.

Le ministre rwandais a évoqué des violences à l’encontre des populations Tutsi en RDC, citant l’incendie de maisons à Masisi en 2023 et les bombardements de villages banyamulenge au Sud-Kivu par l’armée congolaise. Il a remis en question le rôle de la MONUSCO, l’accusant d’inaction face à ce qu’il qualifie d' »épuration ethnique » menée sous couvert d’opérations militaires.

Malgré ses critiques, Kigali a réaffirmé son engagement en faveur des initiatives africaines de paix. Nduhungirehe a salué la fusion des processus de Luanda et de Nairobi, décidée lors du sommet de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en février 2025. Il a également soutenu la mise en place d’un panel de facilitateurs sous l’égide de l’Union africaine pour favoriser le dialogue politique en RDC.

Cette déclaration intervient dans un contexte tendu, marqué par la prise de Goma par le M23 en janvier 2025. Face aux accusations de Kinshasa, selon lesquelles Kigali soutiendrait la rébellion, Nduhungirehe a insisté sur le fait que le Rwanda n’a pas déclenché ce conflit. Il a rejeté les appels à des sanctions contre son pays et a affirmé que la sécurité du Rwanda restera une priorité.

Le Rwanda a réitéré sa volonté de contribuer à une solution politique et sécuritaire durable pour la région. Nduhungirehe a exhorté la communauté internationale à soutenir les initiatives africaines, plutôt que de s’engager dans un « jeu de blâme stérile ». Cette position survient alors que le président congolais Félix Tshisekedi a récemment rencontré son homologue angolais João Lourenço à Luanda, après que l’Angola a annoncé son retrait de la médiation dans la crise en RDC.

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