RDPC : 40 ans d’histoire et de stratégie politique au Cameroun en année électorale

Le 24 mars 1985, à Bamenda, dans la région anglophone du Nord-Ouest du Cameroun, naissait le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), un parti politique fondé par Paul Biya, alors président en poste. Depuis sa naissance, le RDPC a traversé des épreuves politiques significatives et a marqué la scène politique du pays, en particulier lors des moments clés qui ont forgé son ascension et consolidé sa domination.

L’année 1985 a été cruciale. Après la démission de son prédécesseur Ahmadou Ahidjo en 1982, Paul Biya hérite d’un pouvoir fragile, ébranlé par des crises internes. La première crise majeure survient avec la tentative de coup d’État d’avril 1984, ce qui pousse Biya à créer un nouveau parti, le RDPC, sur les cendres de l’ancien parti unique, l’Union Nationale Camerounaise (UNC). Le RDPC devient alors l’outil de légitimation de son pouvoir et incarne sa volonté de centraliser son autorité politique.

Ce fut le début d’un parcours semé d’embûches. En 1992, le retour au multipartisme provoque une rude compétition politique pour le RDPC, qui doit s’adapter à un nouveau paysage où l’opposition, portée par des mouvements de changement, grignote son terrain. Cette première élection pluraliste met en évidence les fragilités du RDPC, mais aussi sa capacité à s’adapter : en formant des alliances stratégiques avec des partis de l’opposition, comme le MDR, le RDPC réussit à maintenir une majorité parlementaire, tout en réaffirmant la position de Paul Biya, qui l’emporte de justesse face à Ni John Fru Ndi du SDF.

Aujourd’hui, avec près de 40 ans d’existence, le RDPC est devenu un acteur incontournable de la politique camerounaise, dominant le Parlement, les exécutifs municipaux et régionaux. Mais en 2025, cette célébration de quatre décennies intervient dans un contexte particulièrement stratégique. Le Cameroun s’apprête à vivre une nouvelle élection présidentielle en octobre, et le RDPC entend marquer cet anniversaire de manière éclatante, tout en consolidant sa position dominante.

Jean Nkuete, secrétaire général du Comité central du RDPC, a pris les devants en publiant une circulaire le 11 mars 2025 pour orienter les festivités du 40e anniversaire du parti. Ces célébrations ne se limiteront pas à des réjouissances ; elles s’inscriront dans une logique de mobilisation pour l’élection présidentielle. Dans ce cadre, Nkuete a appelé tous les militants à soutenir fermement Paul Biya, qui sera à nouveau le candidat du RDPC à cette élection. Ce message clair et direct dissipe tout doute sur les intentions du parti, réaffirmant la continuité et la stabilité politique sous la direction de Biya.

La circulaire insiste également sur l’organisation de rassemblements populaires à travers tout le pays, dans un but de mobiliser les électeurs et de démontrer la présence du RDPC dans toutes les régions. Des messages stratégiques seront également portés lors de ces événements : valoriser les réalisations gouvernementales locales, condamner les actes de violence récents contre le ministre de la Jeunesse à Bruxelles, lutter contre les discours de haine et de déstabilisation, et intensifier la vigilance sur les inscriptions électorales.

Mais au-delà des célébrations immédiates, Jean Nkuete a un regard tourné vers l’avenir du RDPC. Les jeunes et les femmes sont désignés comme les “architectes” des 40 prochaines années du parti. Ils devront incarner la pérennité et le renouveau du RDPC, garantissant ainsi la relève au sein du parti et sa continuité sur la scène politique nationale.

Ainsi, le RDPC, fort de ses quatre décennies de pouvoir, prépare activement son avenir. Alors que les festivités de son anniversaire se dérouleront dans tout le pays, le parti ne perd pas de vue son objectif ultime : reconquérir les suffrages lors de l’élection présidentielle d’octobre, et continuer à régner sur la politique camerounaise pour les années à venir.

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