Le Mali tourne le dos à la Francophonie : la prophétie de Seydou Badian se réalise près de 50 ans plus tard

Aujourd’hui, le Mali n’est plus membre de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Ce départ n’est pas une surprise, puisque cette décision semble être la concrétisation d’une prédiction faite par l’écrivain et homme politique malien, Seydou Badian Kouyaté. En effet, il y a plusieurs années, environ 50 ans de cela, Seydou Badian avait exprimé ses préoccupations sur le rôle du Mali au sein de la Francophonie. Dans une déclaration, il avait prédit que le pays quitterait un jour cette organisation. Ses mots résonnent aujourd’hui comme une prophétie : « Un jour viendra, je serai loin, mais le Mali ne sera plus membre de la Francophonie ». Ce retrait aujourd’hui peut être vu comme l’aboutissement d’une évolution politique et diplomatique qui prend sa source dans les tensions grandissantes au sein de la communauté internationale.

Ce retrait intervient dans un contexte marqué par des événements politiques majeurs au Mali. Après le coup d’État de 2021 et la mise en place d’une junte militaire au pouvoir, les relations du Mali avec plusieurs institutions internationales, dont l’OIF, se sont tendues. La communauté internationale, notamment les pays francophones, a exprimé des réserves concernant la transition politique malienne, ce qui a conduit à un isolement progressif du pays sur la scène diplomatique.

En mars 2025, un retrait officiel a été annoncé, mettant fin à plusieurs décennies de présence du Mali dans cette organisation. Ce départ intervient quelques jours après que le Burkina Faso et le Niger aient également pris des mesures similaires, renforçant l’idée que plusieurs pays de la région ont décidé de se distancer de la Francophonie, qui représente des intérêts politiques et économiques divergents.

La décision du Mali soulève des questions sur l’avenir de la Francophonie. En tant qu’organisation rassemblant des pays partageant la langue française, l’OIF a toujours été un espace privilégié pour l’échange culturel et la coopération. Cependant, le retrait du Mali et de ses voisins remet en cause l’unité de cet espace francophone. Il révèle également un fossé grandissant entre certains pays d’Afrique francophone et les institutions internationales liées à la France.

Pour certains observateurs, le départ du Mali peut être perçu comme un signal fort adressé aux anciennes puissances coloniales, marquant une volonté de redéfinir les relations entre les anciennes colonies et les pays dits « métropolitains ». Ce mouvement pourrait inspirer d’autres pays d’Afrique, qui se sentent marginalisés par des décisions prises sans consultation adéquate de leurs réalités.

Les conséquences sur la diplomatie malienne

Le retrait de la Francophonie est une étape décisive dans la diplomatie malienne. Ce geste s’inscrit dans la volonté des autorités maliennes de poursuivre une politique de réorientation vers des alliances et partenariats moins centrés sur les anciennes puissances coloniales. Le Mali, avec ses nouveaux alliés comme la Russie et d’autres pays africains, cherche à diversifier ses relations diplomatiques et économiques, en misant sur des partenariats stratégiques hors du cadre traditionnel de la Francophonie.

Le Mali semble aujourd’hui prêt à tracer son propre chemin, même au prix de l’isolement temporaire sur la scène internationale. L’avenir dira si cette rupture avec l’OIF sera bénéfique ou non pour le pays, mais une chose est certaine : la prophétie de Seydou Badian, en apparence utopique, est désormais une réalité.

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