Un audit financier a mis en lumière que le ministère de l’Eau et de l’Environnement a dépensé 25,3 milliards de shillings sans l’approbation parlementaire, ce qui porte le total des fonds utilisés à 58,1 milliards de shillings, bien au-delà du budget initialement validé. Ces dépenses excessives n’ont pas été justifiées par les responsables du ministère, ce qui a conduit à une série de critiques de la part du Comité des comptes publics.
Le ministère de l’Eau et de l’Environnement fait face à des accusations graves après la découverte d’une dépense non autorisée de 25,3 milliards de shillings, fondée sur des fonds reportés de l’exercice précédent. Cet argent était destiné à un projet d’approvisionnement en eau et d’assainissement dans les villes stratégiques du pays.
Dans une audition tenue mardi 11 mars 2024, sous la présidence de l’honorable Muwanga Kivumbi, les responsables du ministère, dirigés par le secrétaire permanent Alfred Okot, n’ont pas pu justifier l’absence de demande complémentaire au Parlement pour couvrir ces dépenses excédentaires.
L’audit réalisé pour l’année se terminant en décembre 2024 a révélé que le projet en question avait un financement externe initial de 22,7 milliards de shillings. Cependant, un montant total de 48,01 milliards de shillings a été débloqué, ce qui a porté la somme totale des fonds à 58,1 milliards de shillings. Selon les explications fournies par l’agent comptable du ministère, les dépenses excédentaires sont dues à des paiements directs effectués par les donateurs aux consultants et entrepreneurs. Felix Twinomucunguzi, le chef de projet, a également mis en avant les impacts de la pandémie de COVID-19, qui a perturbé l’exécution des travaux et, par conséquent, les prévisions budgétaires. Il a ajouté que pour rattraper les retards, les activités du projet ont été accélérées, ce qui a entraîné une augmentation des dépenses.
Cependant, ces justifications ont été rejetées par Muwanga Kivumbi, président du comité, qui a insisté sur le fait que toute dépense supplémentaire en dehors du budget approuvé doit obligatoirement être validée par le Parlement. « La loi est très claire : toute dépense supplémentaire au-delà du budget initial doit faire l’objet d’une demande d’approbation complémentaire au Parlement. Et pourtant, 25,3 milliards de shillings ont été dépensés sans autorisation. C’est illégal et inconstitutionnel », a déclaré Kivumbi.
L’honorable Jessica Ababiku, membre du NRM et représentante des femmes du district d’Adjumani, a également remis en question le ministère pour ne pas avoir pris en compte l’impact de la guerre en Ukraine et d’autres facteurs externes affectant les coûts du projet. « Pourquoi ces informations n’ont-elles pas été communiquées aux auditeurs ? », a-t-elle interpellé.
Face à ces critiques, Twinomucunguzi a reconnu des incohérences dans la gestion des fonds, expliquant que les montants excédentaires avaient été utilisés pour des indemnisations et des ajustements logistiques. Cependant, les parlementaires ont maintenu que toute dépense au-delà du budget initial nécessitait une approbation préalable du Parlement.
Le sous-secrétaire d’État, Emmanuel Mugunga, a tenté de minimiser la situation, affirmant qu’il ne s’agissait pas de nouvelles ressources mais de fonds non dépensés réaffectés à d’autres fins. Cependant, Kivumbi a fermement rejeté cette explication, soulignant que les fonds non utilisés doivent être réaffectés de manière formelle et approuvée par le Parlement.
En conséquence, le comité a exigé que le ministère fournisse une ventilation détaillée des dépenses et une justification officielle concernant l’absence de demande complémentaire. Si cette requête n’est pas respectée, des sanctions pourraient être prises contre les responsables financiers du ministère.
Enfin, Twinomucunguzi a rappelé que la pandémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine avaient perturbé les chaînes d’approvisionnement, notamment pour les matériaux importés de Chine et d’Inde. Toutefois, le comité attend des explications plus complètes sur ces retards ainsi que sur l’utilisation des fonds alloués au projet.