Bolivie : les paysans de la Chiquitania face au défi des incendies

Ravagée il y a moins d’un an par des incendies sans précédent, la Chiquitania en Bolivie tente de renaître. Julia Ortiz, agricultrice indigène, voit la végétation repousser autour de ses champs de sésame à Santa Ana de Velasco, dans le département de Santa Cruz. Mais les troncs calcinés rappellent la violence du feu.

Sa communauté mise sur une reforestation par drones. Des « bombitas », petites boules de terre remplies de graines, sont projetées pour redonner vie aux terres dévastées. Une expérience nécessaire face aux dégâts causés par les brûlis, une pratique agricole courante mais risquée. L’intensification des sécheresses amplifie le danger, transformant ces feux contrôlés en catastrophes incontrôlables.

Julia Ortiz se souvient de la nuit où, il y a cinq ans, sa famille a combattu les flammes lors d’un « chaqueo » mal maîtrisé. « Tout le monde fait des brûlis ici. C’est notre moyen de cultiver », explique-t-elle. Mais les conséquences sont lourdes : en 2024, 10,7 millions d’hectares sont partis en fumée, soit l’équivalent de la superficie du Portugal. Quatre morts, 75.000 familles affectées, des terres brûlées, des récoltes perdues. Carmen Peña, paysanne de 59 ans, a tout perdu : « Je ne sais pas comment nous allons survivre ».

Les scientifiques alertent : les sols incendiés risquent la désertification. Pourtant, les brûlis continuent. « Sans tracteurs, nous n’avons pas d’autre choix », déplore Julia Ortiz. L’aide de la municipalité se fait attendre, et les engins agricoles sont en panne. L’État, de son côté, tarde à agir : absence de sanctions, tolérance des brûlis, extension de la frontière agricole.

Face à cette crise, Santa Ana de Velasco tente une alternative. Avec le soutien des fondations Swisscontact et Flades, 250.000 « bombitas » de graines seront larguées sur 500 hectares. Un espoir pour régénérer les forêts et retenir l’humidité. « Sans forêts, pas d’eau », résume Joaquin Sorioco, technicien en agroforesterie.

Malgré les dernières pluies, l’eau manque et les cultures souffrent encore. Pour Mario Rivera, directeur de Flades, une prise de conscience s’impose : « L’année dernière a été une épreuve terrible, mais elle a ouvert les yeux sur l’urgence d’agir autrement ».

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