Les relations entre Paris et Alger sont de plus en plus tendues, notamment en raison de divergences politiques et diplomatiques. Depuis l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal et l’expulsion d’un influenceur algérien de France, la situation s’est encore dégradée, alimentée par des décisions controversées comme la reconnaissance par Paris de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, ce qui a particulièrement irrité Alger.
Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a reconnu dans un entretien récent que le dialogue entre les deux pays était « pratiquement interrompu », reflétant ainsi la gravité de la situation. Au cœur de cette crise, l’accord signé en 1968, régissant les conditions de migration des Algériens en France, se retrouve aujourd’hui sous examen. Cet accord, négocié par Abdelaziz Bouteflika, visait à limiter l’immigration tout en offrant des facilités de séjour, mais il est désormais remis en cause par certains responsables français.
Un rapport sénatorial, publié le 5 février 2025, recommande l’abrogation de cet accord, accusant l’Algérie de « provocations » qui auraient détérioré les relations entre les deux nations. La mission d’information propose de relancer les négociations pour ajuster les conditions de séjour des Algériens en France, affirmant que cet accord est désormais obsolète et qu’il est temps de le réévaluer.
Le rapport va même plus loin, suggérant la fin de l’accord de 2013, qui permet aux responsables algériens de se rendre en France sans visa. Les auteurs de ce rapport, tels que les sénateurs Olivier Bitz et Muriel Jourda, estiment qu’il est essentiel de repenser les relations migratoires, soulignant qu’elles sont actuellement « déséquilibrées ». Cependant, ces propositions ont suscité de vives critiques, notamment de la part de la gauche, comme la députée Corinne Narassiguin, qui a dénoncé une décision provocatrice.
Malgré l’opposition, le rapport a été adopté par la commission des lois grâce au soutien des partis de droite et des centristes. Cette avancée pourrait marquer un tournant dans la politique migratoire de la France envers l’Algérie, d’autant plus que des figures comme le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, appellent à une révision complète de cet accord qu’ils jugent dépassé.
Dans ce climat de tensions politiques et diplomatiques, l’avenir de l’accord de 1968 reste incertain. Sa remise en cause pourrait avoir des répercussions considérables non seulement sur les relations bilatérales, mais aussi sur la diaspora algérienne en France, qui reste un acteur central dans ce dossier sensible.