Ce 3 février 2025, dans une interview exclusive accordée au média français L’Opinion, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a abordé la tension persistante entre l’Algérie et le Maroc, notamment à propos du conflit lié au Sahara Occidental et du soutien de la France au plan d’autonomie marocain pour ce territoire. Il a également expliqué les raisons pour lesquelles l’Algérie a interdit les avions marocains de survoler son espace aérien.
Depuis trois ans, les relations entre les deux pays voisins se sont considérablement détériorées. Tebboune a rappelé les origines du conflit, remontant à 1963, lorsque le Maroc a attaqué l’Algérie, alors fraîchement indépendante. « Le Maroc a été le premier à porter atteinte à l’intégrité de l’Algérie avec son agression en 1963, neuf mois après l’indépendance. Une agression qui a fait 850 martyrs », a-t-il souligné.
Le président algérien a également évoqué le dossier du Sahara Occidental, qu’il considère comme un territoire occupé par le Maroc. « C’est une question de décolonisation pour l’ONU qui n’a toujours pas été réglée », a-t-il ajouté. Il a rappelé l’avis de la Cour internationale de Justice de 1975, qui a conclu qu’il n’y avait aucun lien de tutelle entre le Sahara Occidental et le Maroc, hormis des relations économiques. Il a également mentionné que la justice européenne commence à reconnaître les droits des Sahraouis.
En ce qui concerne l’interdiction des avions marocains de survoler l’espace aérien algérien, Tebboune a précisé que cette décision a été prise en raison des exercices militaires conjoints entre le Maroc et Israël près des frontières algériennes, ce qui va à l’encontre de la politique de bon voisinage que l’Algérie s’efforce de maintenir. Cette interdiction, décidée en septembre 2021, a conduit les délégations marocaines à voyager par d’autres compagnies aériennes lorsqu’elles se rendent en Algérie, notamment pour des événements sportifs.
Malgré ces tensions, Tebboune a affirmé qu’il était inévitable que l’Algérie et le Maroc « mettent un terme à cette situation un jour », ajoutant que le peuple marocain est un « peuple frère » pour lequel l’Algérie ne souhaite que le meilleur.
Le président algérien a également évoqué sa conversation avec le président français Emmanuel Macron, qui, lors du sommet du G7 à Bari en juin dernier, lui avait annoncé son intention de reconnaître la « marocanité » du Sahara Occidental. Tebboune a mis en garde Macron, lui indiquant que cette décision serait une « grave erreur » et qu’elle pourrait nuire aux relations avec l’Algérie. « Vous n’allez rien gagner et vous allez nous perdre », a-t-il averti le président français.
