Conflit en RDC : le M23 se rapproche dangereusement de Bukavu, alerte l’ONU

Le groupe armé M23, soutenu par des forces rwandaises, avance rapidement vers Bukavu, capitale du Sud-Kivu en République Démocratique du Congo (RDC), a averti l’ONU. Selon Jean-Pierre Lacroix, responsable des opérations de paix à l’ONU, les rebelles se trouvent désormais à environ 60 kilomètres au nord de Bukavu, après avoir pris le contrôle de Minova le 21 janvier. Cette avancée marque leur première incursion dans le Sud-Kivu depuis le retrait de la MONUSCO (Mission de l’ONU en RDC) de la province en juin 2024.

Lacroix a souligné la menace que représente la proximité du M23 avec l’aéroport de Kavumu, essentiel pour la desserte de Bukavu. La prise de contrôle de cet aéroport par les rebelles constituerait un tournant stratégique dans le conflit.

Le responsable onusien a également exprimé ses préoccupations face aux tensions croissantes entre le Rwanda et l’Afrique du Sud, ce dernier étant le principal contributeur de troupes à la force régionale SAMIDRC déployée dans l’est de la RDC. Les échanges tendus entre les présidents Paul Kagame (Rwanda) et Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud) sur la situation en RDC ont aggravé les tensions régionales, alimentant les craintes d’une crise plus large.

Corneille Nangaa, chef de l’Alliance Fleuve Congo et allié du M23, a également annoncé ses intentions d’étendre les opérations vers Kinshasa, la capitale congolaise, exacerbant les inquiétudes concernant une possible extension du conflit à travers tout le pays.

Face à cette situation urgente, la MONUSCO a intensifié ses efforts pour relancer les négociations. Bintou Keita, cheffe de la MONUSCO, a rencontré des responsables politiques congolais et salué les initiatives diplomatiques régionales, notamment un sommet extraordinaire de la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe) et une réunion d’urgence du Conseil de paix de l’Union africaine.

La situation à Goma, récemment prise par les rebelles, reste instable. Bien que l’approvisionnement en eau et en électricité soit partiellement rétabli, des munitions non explosées compliquent les déplacements dans la ville. La MONUSCO, qui héberge de nombreux civils et anciens combattants dans ses bases, est confrontée à des défis logistiques majeurs, notamment la saturation des infrastructures et la difficulté à fournir des services de base.

Le conflit, ravivé fin 2023, a déjà entraîné le déplacement de plus de 800 000 personnes, selon l’ONU. La situation dans l’est de la RDC demeure extrêmement volatile et préoccupante.

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