Pour la première fois au Canada, un accusé obtient la permission de suivre son procès criminel par vidéoconférence, alors qu’il se trouve à l’étranger. Bernard Poulin, ancien président du Groupe SM, sera exempté de présence physique au tribunal pendant les deux premières semaines de son procès pour fraude. Il pourra suivre les audiences depuis Dubaï.
La juge Silvie Kovacevich a partiellement accepté la demande de Bernard Poulin, autorisant sa participation virtuelle jusqu’au 28 février 2025, malgré la différence de fuseau horaire qui l’obligera à assister aux audiences en soirée, voire la nuit. Une réévaluation de la situation est prévue, notamment en fonction de l’évolution de son état de santé.
Cet événement pourrait ouvrir la voie à de futures demandes similaires, car les avocats et juges canadiens n’ont trouvé aucun précédent de cette nature. De nombreux accusés pourraient être intéressés par la possibilité d’assister à leurs procès sans avoir à se déplacer au Canada.
Le climat à Dubaï était en contraste total avec celui de Montréal, où le mercure atteignait -17°C le jour de la décision.
Les avocats de Bernard Poulin, Me Marc Labelle et Me Kim Hogan, ont présenté des garanties pour rassurer le tribunal sur la capacité de leur client à suivre le procès de manière sérieuse et sans interruption, même à distance.
Accusé de fraude et de complot en lien avec un système de corruption dans les affaires municipales, Bernard Poulin avait été arrêté en 2017 dans le cadre d’une enquête de l’UPAC (Unité permanente anticorruption), avec plusieurs autres personnalités. Les poursuites estiment que des contrats municipaux étaient attribués en échange de pots-de-vin au parti du maire de l’époque, Gérald Tremblay.
Après sept ans d’attente, le procès de Bernard Poulin, ainsi que celui de ses coaccusés, débutera lundi. Bernard Poulin avait précédemment demandé à assister virtuellement à son procès, mais sa demande initiale avait été rejetée. Après avoir subi un accident de la route à Dubaï, il a expliqué que ses blessures, notamment une jambe cassée et des problèmes cardiaques, l’empêchaient de prendre un vol.
La couronne a accepté cette demande d’adaptation temporaire, reconnaissant qu’il serait peu probable que M. Poulin puisse se rendre au Canada à temps. Dubaï ne dispose pas d’un accord d’extradition avec le Canada, ce qui complique davantage les démarches pour forcer l’accusé à comparaître physiquement.
Bernard Poulin a exprimé son désir de revenir au Canada dès que son état de santé le lui permettra, pour continuer à se défendre face aux accusations qui pèsent contre lui.