Amnistie Internationale dénonce l’exploitation des travailleurs migrants au Canada

Amnistie internationale a lancé un appel alarmant concernant la situation des travailleurs migrants au Canada, qui sont pris au piège dans un système qui les rend particulièrement vulnérables aux abus. Dans un rapport publié ce jeudi, l’organisation met en lumière les témoignages d’une quarantaine de travailleurs confrontés à des conditions de travail et de vie inacceptables, notamment dans le secteur agricole.

Parmi eux, Bénédicte Carole Zé, arrivée au Canada en 2016, a partagé son histoire lors d’une conférence de presse à Montréal. Elle a raconté avoir vécu une véritable « esclavage » pendant près de deux ans dans une ferme en région, où elle a été exploitée, contrainte de travailler sept jours sur sept sous la menace constante d’une expulsion. Bien que son travail ait été censé se limiter aux soins des volailles, elle a été forcée de réaliser de nombreuses autres tâches, comme le ménage ou l’ébénisterie. Certaines semaines, elle a travaillé jusqu’à 100 heures, avec très peu de sommeil.

Ce n’est qu’après avoir été aidée par une coiffeuse à Montréal qu’elle a pu fuir et reconstruire sa vie. Aujourd’hui, elle poursuit des études pour devenir infirmière et travaille comme préposée aux bénéficiaires.

Le rapport d’Amnistie internationale, intitulé Le Canada m’a détruite, décrit un système qu’elle qualifie de « discriminatoire », qui expose des milliers de travailleurs migrants à des abus systématiques. Le programme de travailleurs étrangers temporaires (PTET) lie les travailleurs à un employeur unique, ce qui renforce leur exploitation et les empêche de dénoncer des abus de peur d’être renvoyés ou perdant leur emploi.

Le rapport révèle une série de violations des droits humains, telles que des salaires volés, des horaires de travail excessifs, des conditions de logement déplorables, ainsi que des violences racistes et sexistes. Amnistie internationale dénonce également la racialisation de ce système, observant que les visas sont principalement attribués à des personnes noires, latino-américaines, autochtones et autres populations racisées.

Les travailleurs qui osent dénoncer ces abus se heurtent souvent à un manque de soutien. Les organismes de défense des droits des travailleurs sont souvent débordés et les menaces de déportation dissuadent les victimes de se manifester.

Amnistie internationale propose plusieurs réformes pour améliorer la situation, notamment l’abolition des visas liés à un employeur, la facilitation de l’accès à la résidence permanente, une meilleure protection contre les expulsions arbitraires, et un accès amélioré aux soins de santé.

Le gouvernement canadien a été interpellé à plusieurs reprises sur ces problèmes, mais les réformes se font attendre. Un récent rapport sénatorial a souligné que l’infrastructure actuelle ne répond pas aux besoins des travailleurs migrants et des employeurs, appelant à une révision urgente du système.

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