Sommet de l’EAC sur la RDC : tensions entre le Rwanda et l’Afrique du Sud, pression des États-Unis

Un sommet virtuel d’urgence de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), présidé par le président kényan William Ruto, s’est réuni pour discuter de la crise sécuritaire en République Démocratique du Congo (RDC), où les violences dans l’est du pays se sont intensifiées. Ce sommet a révélé des divisions profondes au sein de la région, avec notamment des tensions croissantes entre le Rwanda et l’Afrique du Sud.

Appels à un cessez-le-feu immédiat

Les dirigeants de l’EAC ont exprimé une grande inquiétude face à la dégradation rapide de la situation et ont exigé un cessez-le-feu « immédiat et inconditionnel » entre les forces congolaises et le groupe rebelle M23. Ils ont également mis en garde contre le risque d’une escalade régionale et souligné l’importance de préserver l’intégrité territoriale de la RDC. En parallèle, les dirigeants ont appelé à renforcer la coordination entre les forces régionales, notamment celles de l’EAC et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), pour mieux soutenir les forces congolaises.

Tshisekedi accuse le Rwanda et renforce la mobilisation nationale

Avant la réunion, le président congolais Félix Tshisekedi a accusé le Rwanda de soutenir le M23 et de violer la souveraineté de la RDC. Il a nommé un nouveau gouverneur militaire du Nord-Kivu, le général-major Évariste Somo Kakule, et lancé un appel à la mobilisation nationale. Tshisekedi a demandé à la jeunesse de rejoindre les rangs de l’armée et a promis de réallouer des fonds pour renforcer les efforts militaires, insistant sur le fait que la défense de la RDC est un devoir national.

Les tensions diplomatiques entre le Rwanda et l’Afrique du Sud

La situation a exacerbée les tensions diplomatiques entre le Rwanda et l’Afrique du Sud, particulièrement après la mort de 13 soldats sud-africains dans une attaque dans l’est de la RDC. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a accusé le M23 et les Forces rwandaises de défense (RDF) d’être responsables de ces pertes, qualifiant les RDF de « milice », une déclaration qui a enflammé la réaction de Paul Kagame. Le président rwandais a rejeté ces accusations, alléguant que Ramaphosa lui-même lui avait dit en privé que les soldats sud-africains avaient été tués par l’armée congolaise.

Kagame a également critiqué la mission SAMIDRC de la SADC, la qualifiant de force partisane soutenant des groupes armés hostiles au Rwanda. Ramaphosa a cependant réaffirmé l’engagement sud-africain pour la stabilité de la RDC, soulignant que l’objectif est de protéger son intégrité territoriale.

La pression américaine et les inquiétudes sur la prise de Goma

De leur côté, les États-Unis ont exprimé leur ferme condamnation de la prise de Goma par le M23, un groupe armé soutenu, selon Washington, par le Rwanda. Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a appelé à un cessez-le-feu immédiat et au respect de l’intégrité de la RDC lors d’un entretien téléphonique avec Kagame. À l’ONU, l’ambassadrice américaine Dorothy Shea a exhorté le Rwanda à retirer ses troupes de RDC, soulignant la destruction de missions diplomatiques à Kinshasa.

Washington a aussi exprimé de vives préoccupations face à l’utilisation de technologies avancées et de systèmes de brouillage GPS par le Rwanda, menaçant la sécurité des Casques bleus et des civils. L’administration américaine a annoncé être prête à utiliser toutes les options disponibles pour sanctionner les responsables du conflit, tout en appelant à une solution négociée fondée sur les arrangements économiques régionaux concernant les ressources minérales des Grands Lacs.

Un terrain toujours plus explosif

Sur le terrain, les combats continuent de s’intensifier avec le M23 qui prend plusieurs localités stratégiques autour de Goma. La RDC continue d’appeler à une réponse plus forte de la communauté internationale, tandis que l’EAC cherche à désamorcer la crise par des moyens diplomatiques. Entre les efforts militaires du gouvernement congolais et les appels à un dialogue régional, la situation en RDC demeure un défi majeur pour la stabilité de l’Afrique centrale et de l’Est.

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