Le phénomène de la mendicité, de plus en plus visible dans les rues de Niamey, a conduit les autorités nigériennes à prendre des mesures sévères. Selon les médias locaux, lors d’un point de presse le 13 août 2024, le Gouverneur militaire de la région de Niamey, le Général de Brigade Assoumane Abdou Harouna, avait annoncé une série d’actions visant à lutter contre ce phénomène qu’il considère comme un « danger pour la circulation » et une « recherche de facilité ». Cette annonce, bien que soutenue par certaines autorités locales, a également soulevé de vives réactions, notamment lorsqu’elle est mise en parallèle avec les récentes rafles de mendiants nigériens en Côte d’Ivoire.
Le Général Harouna a détaillé un plan qui inclut le rapatriement des mendiants vers leurs villages d’origine et, en cas de récidive, leur transfert vers des zones d’irrigation pour y effectuer des travaux forcés. Ces travaux sont présentés comme une forme de réinsertion, mais certains y voient une atteinte à la dignité humaine. « Cette activité ne reflète pas les valeurs de travail que nous prônons », a affirmé le Gouverneur.
Ces mesures ont provoqué un malaise parmi la population. Si les autorités les justifient par la volonté de débarrasser la capitale du fléau de la mendicité et d’améliorer son image, le recours à des « travaux obligatoires » dans des zones rurales évoque des pratiques coercitives mal perçues par certains, qui les jugent incompatibles avec le respect des droits humains.
En Côte d’Ivoire, une réponse polémique
Pendant ce temps, en Côte d’Ivoire, une vaste opération de rafle a ciblé 124 ressortissants nigériens, comprenant hommes, femmes et enfants, qui ont été envoyés à l’ambassade du Niger à Abidjan sans préavis. Cette action a été vivement critiquée, notamment par l’ambassadeur du Niger, Heinikoye Ali Bouba, qui a dénoncé l’absence de soutien logistique et sanitaire pour ces personnes vulnérables. Sur les réseaux sociaux, cette rafle a déclenché une vague d’indignation parmi les Nigériens, nombreux à considérer cette opération comme une humiliation nationale et à déplorer le manque de concertation entre les deux États.
Une indignation contrastée
Cette situation met en lumière une forme d’indignation sélective. Lorsqu’il s’agit d’expulsions ou de regroupements forcés de Nigériens en Côte d’Ivoire, les critiques fusent, dénonçant des traitements inhumains. En revanche, les mesures prises à Niamey, telles que le transfert de mendiants vers des zones rurales pour des travaux forcés, suscitent beaucoup moins de réactions. Cette différence de traitement souligne un paradoxe : une tolérance plus grande envers les actions nationales, et une indignation accrue face aux interventions étrangères, perçues comme un affront.
La mendicité, qu’elle soit présente à Niamey ou à Abidjan, est le reflet de problèmes socio-économiques profonds. La pauvreté, le manque d’opportunités économiques et les failles des systèmes de protection sociale contribuent à cette situation. Les réponses coercitives, qu’elles soient locales ou étrangères, ne semblent pas offrir de solutions durables.
Pour résoudre ce problème de manière effective, des initiatives plus inclusives sont nécessaires. L’amélioration des conditions de vie, le développement de programmes de réinsertion sociale et une coopération régionale renforcée apparaissent comme des pistes incontournables pour traiter cette question complexe. En attendant, le contraste entre les réactions aux mesures nationales et étrangères continue de nourrir le débat.