Le groupe public français Orano (anciennement Areva) a conclu, ce vendredi 17 janvier 2025, un accord avec le gouvernement mongol pour l’exploitation d’un vaste gisement d’uranium situé dans le pays. Cet accord est présenté par Paris comme un tournant stratégique pour renforcer la « souveraineté énergétique » de la France.
Cette signature, qui officialise un partenariat attendu depuis octobre 2023, fait suite à un protocole d’accord signé lors d’une visite officielle du président mongol Ukhnaa Khurelsukh en France. Les négociations entre Orano et la Mongolie avaient débuté plus de deux ans auparavant. Bien que les détails complets de l’accord n’aient pas été dévoilés immédiatement, il devrait inclure un investissement total de 1,6 milliard USD (environ 1,55 milliard d’euros), avec une première production prévue pour 2027.
Un accord d’envergure stratégique
Lors de la cérémonie de signature à Oulan-Bator, Laurent Saint-Martin, ministre français délégué au Commerce extérieur, a qualifié l’accord de « historique », soulignant sa portée et son impact stratégique pour les deux pays. Il a ajouté que l’accord permettrait de sécuriser les approvisionnements énergétiques de la France, contribuant ainsi à renforcer la souveraineté énergétique du pays.
Orano, qui détient 90 % de son capital par l’État français, voit cet accord comme un moyen crucial de garantir la fourniture en uranium pour ses centrales nucléaires. La société a indiqué que le gisement, situé dans le sud-ouest de la Mongolie, possède environ 90 000 tonnes de ressources et devrait produire environ 2 500 tonnes par an, soit environ un quart de la consommation annuelle du parc nucléaire français.
Un projet de longue durée
Le projet est conçu pour durer sur 40 ans, et le gisement de Zuuvch-Ovoo est décrit comme l’un des dix plus importants au monde. Laurent Saint-Martin a indiqué que ce projet ferait de la Mongolie un acteur clé sur le marché mondial de l’uranium. Cependant, l’uranium extrait ne sera pas destiné exclusivement à la France, Orano ayant d’autres clients, y compris EDF, l’exploitant des centrales nucléaires françaises.
Le projet est développé par Badrakh Energy, une co-entreprise entre Orano et la société publique mongole MonAtom. Ce partenariat renforce la position de la Mongolie sur le marché mondial, qui cherche à diversifier son économie, historiquement dominée par l’agriculture et l’exploitation minière, notamment du cuivre, du minerai de fer et du charbon.
Présence et engagement à long terme en Mongolie
Orano est présent en Mongolie depuis 27 ans grâce à ses activités minières. Bien que le groupe ait récemment été impliqué dans une procédure judiciaire concernant des accusations de corruption en Mongolie entre 2013 et 2017, il a accepté de régler l’affaire par une amende de 4,8 millions d’euros et de mettre en place un programme de conformité d’une valeur maximale de 1,5 million d’euros sur trois ans sous le contrôle de l’Agence française anticorruption.
Ce nouvel accord avec la Mongolie marque ainsi une étape importante dans les relations franco-mongoles et dans les ambitions d’Orano de renforcer ses sources d’approvisionnement en uranium.