Cédéao : Karamoko Jean-Marie Traoré justifie un « acte de survie »

 

Le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Karamoko Jean-Marie Traoré, a défendu samedi 4 janvier 2025, sur la télévision nationale, la décision des trois pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) de quitter la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

Il a expliqué que cette décision avait été prise « en toute conscience et après une réflexion approfondie » par les dirigeants du Burkina Faso, du Mali et du Niger, qualifiant cette démarche d’ »acte de survie » face à un « enfermement économique, financier et politique » que l’organisation régionale aurait imposé, notamment au Niger.

« Nous ne quittons pas la Cédéao pour qu’elle disparaisse, mais pour que le Sahel puisse se relever », a affirmé M. Traoré, dénonçant une organisation qui, selon lui, s’éloigne de sa mission originelle d’intégration. « La Cédéao est une organisation d’intégration économique, pas de désintégration », a-t-il ajouté, rappelant l’objectif initial de promouvoir une « Cédéao des peuples ».

En réponse aux préoccupations sur les conséquences de ce retrait, particulièrement concernant la libre circulation des personnes et des biens, le ministre a assuré que ces acquis seraient préservés au sein de l’AES. Il a qualifié de « fausse » la narrative alarmiste sur les difficultés de circulation dans la région.

Citant une déclaration récente du président de l’AES, le général Assimi Goïta, M. Traoré a souligné que les droits en matière de libre circulation seraient maintenus.

Le ministre a également réfuté l’idée selon laquelle ce retrait serait préjudiciable pour les pays de l’AES, précisant que ces États ne sont pas « des enclaves dépendantes » et qu’ils œuvrent dans un cadre d’interdépendance. Il a ajouté que « les trois chefs d’État ne prendraient jamais de décisions contraires aux intérêts de leurs peuples ».

Enfin, bien qu’il ait reconnu que des « répercussions » puissent se produire sur les plans politique, économique et diplomatique, il a assuré que ces effets ne seraient pas « désavantageux » pour les pays de l’AES. Au contraire, selon lui, ce retrait marque le début d’un « véritable développement endogène » et la possibilité de « se libérer des chaînes qui nous ont longtemps entravés ».

En janvier 2024, les pays de l’AES avaient annoncé leur retrait immédiat de la Cédéao, accusant l’institution d’être influencée par la France. Malgré cette décision, lors de son sommet de décembre 2024 à Abuja, la Cédéao a prolongé le délai de retrait des trois pays, mandant les présidents du Sénégal et du Togo pour poursuivre les discussions. En réponse, les chefs d’État de l’AES ont fermement rejeté cette prolongation, la qualifiant d’unilatérale et contraire à leur volonté.

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