Le député Abdou Mbow a récemment démenti les déclarations du Premier ministre Ousmane Sonko, selon lesquelles la résidence du président de l’Assemblée nationale aurait été vendue à un prix de 300 millions de FCFA. Lors d’une émission radiophonique, le député de l’APR a expliqué qu’il s’agissait d’un échange de biens, et qu’un acte d’échange avait été rédigé. Toutefois, selon Yoor Yoor Bi, cet échange dissimulerait en réalité une transaction frauduleuse impliquant un bien du patrimoine de l’État.
L’État perd au profit de Tahirou Sarr
L’affaire remonte à un besoin de l’État de construire un lycée à Yoff. Un promoteur a proposé un terrain de 5 566 m², évalué à 383 760 000 FCFA (environ 68 000 FCFA/m²). En échange, l’État a cédé la villa de fonction de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, une villa de 5 904 m², soit 338 m² de plus que le terrain offert par le promoteur.
Selon l’acte d’échange, la villa de l’État a été évaluée à 742 335 154 FCFA. Cependant, des experts contactés par le journal estiment que le prix réel de ce terrain nu aurait dû être d’au moins 500 000 FCFA/m². En réalité, il a été cédé à 125 000 FCFA/m², soit quatre fois moins que la valeur réelle. Le terrain, évalué à 3 milliards de FCFA, a ainsi été échangé contre un bien d’une valeur de moins de 400 millions de FCFA.
Yoor Yoor Bi rappelle que, selon l’article 42 de la loi n° 76-66 du 2 juillet 1976 portant Code du Domaine de l’État, toute cession de bien immobilier de l’État nécessite une autorisation législative. Or, aucune loi n’a validé cette transaction, la rendant donc illégale.
Les acteurs impliqués
Plusieurs parties sont impliquées dans cette transaction :
- L’État du Sénégal, représenté par la Direction des Domaines, dirigée par Mamadou Mamour Diallo à l’époque.
- Le ministre délégué chargé du Budget, Birima Mangara, qui a validé l’opération.
- La SCI Ding Ding, représentée par son propriétaire, Seydou Sarr (alias Tahirou), qui a fourni le terrain.
Procédure de récupération en cours
L’État a engagé une procédure pour récupérer la villa, et Elimane Pouye, directeur général de la SOGEPA (Société de Gestion et d’Exploitation du Patrimoine Bâti de l’État), a déclaré : « Dans quelques semaines, le retour de ce bien dans le patrimoine de l’État sera effectif. Nous ne pouvons pas laisser de telles transactions se poursuivre au détriment de l’État. »
Cependant, Tahirou Sarr a lancé une action en justice pour récupérer les clés de la villa. En première instance, la justice lui a donné raison, se basant sur des aspects procéduraux tout en ignorant le fait que la transaction était irrégulière, car non autorisée par une loi. L’État a déposé un recours pour contester cette décision.
Elimane Pouye a également précisé que Tahirou Sarr cherche une solution amiable et serait prêt à restituer la villa à l’État, vraisemblablement en échange d’une indemnisation pour son terrain.