Algérie : Tebboune appelle la France à ériger une statue de l’Émir Abdelkader à Paris

Lors de son discours annuel devant les membres des deux chambres du Parlement, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a abordé les relations entre l’Algérie et la France, insistant sur la nécessité d’une reconnaissance des crimes coloniaux et appelant à l’édification d’une statue de l’Émir Abdelkader à Paris.

L’événement a attiré l’attention ce vendredi après-midi à la salle circulaire du Palais des Nations à Club des Pins, où le président a pris la parole pour traiter plusieurs sujets de politique nationale et internationale. Parmi les points saillants de son discours, les relations avec la France ont occupé une place centrale.

La demande de reconnaissance morale

Une nouvelle fois, M. Tebboune a réaffirmé sa volonté de voir la France reconnaître les atrocités commises durant la colonisation. « Vous êtes devenus une puissance nucléaire et vous nous avez laissé des maladies. Venez nettoyer, nous n’avons que faire de votre argent. Je ne laisserai pas tomber la mémoire. Je ne réclame pas une compensation financière, je veux plutôt une reconnaissance morale », a-t-il déclaré avec fermeté.

Il a également souligné les ravages causés par le colonialisme en Algérie : « Le colonialisme a fait des ravages en Algérie. Bugeaud a commis un génocide sur les Algériens », a-t-il affirmé, avant de préciser : « Ceux qui disent qu’ils ont laissé un paradis en Algérie doivent savoir qu’au lendemain de l’indépendance, 90 % de la population algérienne était analphabète. »

Un appel à l’édification d’une statue de l’Émir Abdelkader à Paris

Le président algérien a ensuite exprimé son souhait que la France honore la mémoire de l’Émir Abdelkader, un héros de la résistance à la colonisation française. « Le jour où une statue géante de l’Émir Abdelkader trônera à Paris, je serai reconnaissant », a-t-il déclaré, soulignant l’importance de cet acte symbolique.

Une référence aux crânes des résistants algériens

Dans la même lignée, M. Tebboune a également évoqué le sujet sensible des crânes des résistants algériens, rapportés en France comme des trophées de guerre pendant la colonisation. « Ils parlent de civilisation alors qu’ils se vantent d’avoir pris des crânes comme des butins de guerre », a-t-il asséné.

Il est à rappeler que, dans un geste de réconciliation, la France a restitué à l’Algérie, en juillet 2020, 24 crânes datant de la guerre de libération nationale. Ces restes humains étaient conservés depuis le 19e siècle dans les collections du musée de l’Homme à Paris. Les travaux de recherche effectués par ce musée ont permis d’identifier 41 crânes en lien avec la résistance algérienne. Parmi ceux-ci, sept sont associés à des figures emblématiques de la résistance du milieu du XIXe siècle, six à des supplétifs, et 28 dont l’origine exacte reste indéterminée.

Des tensions persistantes

Les déclarations de M. Tebboune témoignent des tensions persistantes entre les deux pays, marquées par des différends sur le passé colonial de la France. Tandis que des gestes symboliques, comme la restitution des crânes, ont été effectués par la France, l’Algérie continue de réclamer une reconnaissance pleine et entière des souffrances infligées pendant la colonisation.

La proposition de Tebboune d’ériger une statue de l’Émir Abdelkader à Paris s’inscrit dans cette démarche de réaffirmation de l’identité et de la mémoire nationale algérienne face à l’histoire coloniale.

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