Après l’attaque de Magdebourg, l’Allemagne appelée à l’unité

Le Président allemand a lancé un appel à l’unité nationale, ce 24 décembre 2024, suite à l’attaque meurtrière survenue à Magdebourg, qui nourrit les discours extrémistes en pleine campagne pour les élections législatives de février.

Dans son traditionnel discours de Noël, Frank-Walter Steinmeier a évoqué « l’ombre » jetée sur les fêtes de fin d’année par l’attaque à la voiture-bélier qui a fait cinq morts et plus de 200 blessés, le 20 décembre, sur le marché de Noël de Magdebourg, dans le nord-est de l’Allemagne.

« Beaucoup auront le cœur lourd en cette période de Noël. Beaucoup seront bouleversés, inquiets, peut-être même effrayés. Tous ces sentiments sont compréhensibles. Mais ils ne doivent pas nous dominer, ni nous paralyser », a déclaré le président, selon le texte de son allocution diffusée à la télévision publique.

L’attaque a été perpétrée par Taleb Jawad al-Abdulmohsen, un psychiatre saoudien de 50 ans, qui a foncé sur la foule à bord d’un puissant véhicule BMW de location. Très actif sur les réseaux sociaux, il exprimait des opinions hostiles à l’islam, sa colère contre les fonctionnaires allemands de l’immigration et son soutien aux récits conspirationnistes d’extrême droite.

Unité face à la violence

Le président Steinmeier a appelé à la solidarité, déclarant : « La haine et la violence ne doivent pas avoir le dernier mot. Ne nous laissons pas diviser. Restons unis ! » Il a ajouté que la cohésion, « quand il le faut, c’est ce qui caractérise notre pays », et a exhorté les citoyens à « montrer cela maintenant ».

Bien que les motivations exactes de l’assaillant restent floues, l’attaque a ravivé les débats sur l’immigration et la sécurité, devenant un thème central de la campagne pour les législatives anticipées prévues pour le 23 février.

Installé en Allemagne depuis 2006, Taleb Jawad al-Abdulmohsen était réfugié. L’Arabie saoudite avait demandé son extradition, soulignant qu’il pouvait être dangereux, mais cette demande avait été rejetée par Berlin.

Instrumentalisation politique

Peu après l’attaque, le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) a dénoncé l’accueil de centaines de milliers de réfugiés dans le pays ces dernières années. Le 23 décembre, environ 3 500 personnes, selon la police, ont participé à un rassemblement à Magdebourg organisé par l’AfD, pour commémorer les victimes. Alice Weidel, la coprésidente du parti, a appelé à « un changement pour que nous puissions enfin vivre en sécurité », tandis que des slogans tels que « expulsion, expulsion, expulsion ! » ont été scandés.

À l’approche des élections de février, l’AfD, opposée à l’immigration, antisystème et prorusse, est créditée de 20% des intentions de vote, derrière la CDU/CSU (32%) et devant le SPD d’Olaf Scholz (15%).

Le même jour, environ 4 000 personnes ont pris part à une initiative anti-AfD à Magdebourg, formant une chaîne humaine avec des bougies et des lumières. Ce mouvement, baptisé « Ne donne aucune chance à la haine », a exprimé sa « colère » face à l’instrumentalisation politique de cet acte, appelant à « la tolérance et l’humanité ».

Réactions du gouvernement

Sous pression, le gouvernement d’Olaf Scholz a promis une enquête approfondie pour identifier d’éventuelles erreurs dans la prévention de l’attaque. Celle-ci survient huit ans après un incident similaire à Berlin, où un attentat sur un marché de Noël avait fait 13 morts.

Le 30 décembre, la ministre de l’Intérieur, Nancy Faeser, ainsi que plusieurs hauts fonctionnaires seront auditionnés par la commission des Affaires intérieures du Bundestag.

Partage:
Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *