Lundi 23 décembre 2024 : journée décisive pour l’avenir politique du Mozambique

 

Le Mozambique vit une journée importante ce lundi 23 décembre 2024, alors que le Conseil constitutionnel est sur le point de valider les résultats des élections présidentielles et législatives du 9 octobre dernier. Ce scrutin, marqué par des tensions et des contestations, a plongé le pays dans une crise politique profonde, accompagnée de manifestations massives.

À Maputo, la capitale, l’atmosphère est tendue. Les rues, habituellement animées, sont presque désertes, les commerces fermés et des barricades bloquent les principaux axes de la ville. Les forces de l’ordre ont mis en place des barrages autour du palais présidentiel et du Conseil constitutionnel, qui doit annoncer les résultats à 15h00 (13h00 GMT).

Depuis deux mois, le Mozambique est secoué par des manifestations et des grèves ayant fait au moins 130 morts, principalement des manifestants tués par balles, selon l’ONG locale Plataforma Decide. Cette crise post-électorale est considérée comme l’une des plus graves de l’histoire récente du pays.

Le Conseil constitutionnel doit désormais confirmer ou infirmer la victoire de Daniel Chapo, candidat du parti au pouvoir, le Frelimo, qui a été annoncé vainqueur avec 71 % des suffrages. Cependant, Venancio Mondlane, son principal opposant, revendique 53 % des voix, selon son propre comptage. Il dénonce des irrégularités largement signalées par des observateurs internationaux.

Borges Nhamirre, chercheur à l’Institut d’études pour la sécurité à Pretoria, souligne que « le Conseil constitutionnel n’est pas politiquement indépendant », une proximité perçue avec le pouvoir qui alimente les inquiétudes de nouveaux troubles.

Depuis l’étranger, Venancio Mondlane continue de mobiliser ses partisans via les réseaux sociaux, promettant un retour pour l’investiture prévue en janvier. « Si on doit perdre la vie dans un combat juste, on la perdra », a-t-il déclaré.

L’analyste Johann Smith estime que cette contestation dépasse désormais la seule figure de Mondlane. Selon lui, elle s’inscrit dans un mouvement régional plus large où de nombreux partis au pouvoir perdent leur hégémonie, à l’image de l’ANC en Afrique du Sud ou du BDP au Botswana.

Le Mozambique, avec une grande partie de sa population vivant dans la précarité et une économie informelle dominante, risque de voir ses inégalités s’aggraver en raison de ces troubles prolongés. Toutefois, pour beaucoup, ce soulèvement représente une occasion de tourner la page du Frelimo, au pouvoir depuis l’indépendance en 1975.

Les prochaines heures seront cruciales pour l’avenir politique du Mozambique, alors que les tensions atteignent leur paroxysme. La communauté internationale suit de près cette crise qui pourrait redéfinir les rapports de force dans la région.

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