Deux journées célébrées entre le 08 et le 09 Décembre de chaque année, pour appeler à une prise de conscience et à un changement de mentalités et de comportements. Il s’agit de la journée nationale de lutte contre la corruption et de celle internationale de lutte contre le même phénomène.
Et comme chaque année, les Nations Unies ont dégagé un thème majeur autour duquel le focus s’est mis pour mobiliser l’opinion internationale dans le combat contre ce fléau planétaire. A sa prise de pouvoir en 2016, Patrice TALON a su donner les signaux : « La lutte contre la corruption est un combat de tous les instants qui n’émoussera pas les ardeurs de la justice et de la société civile pour mettre un terme à l’impunité » Fin de citation.
Depuis lors, les actions pour mettre un terme à l’impunité se sont multipliées. Mais, quel état des lieux peut-on faire à cette date ? Pour répondre à la question, Radio Sêdohoun d’Agbotagon a reçu dans le Grand Direct (12H45) de ce mercredi 11 décembre 2024, l’expert en Gouvernance, Certifié ISO 37001 sur le Système de Management anti-corruption, Chargé de Programme Lutte contre la Corruption à l’ONG Association de Lutte Contre le Racisme l’Ethnocentrisme et le Régionalisme (ALCRER). Au travers de cette interview exclusive, Gervais LOKO a reconnu les efforts du régime en place dans le renforcement des mécanismes de lutte contre la corruption.
« L’engagement de l’Etat contre la corruption dans notre pays s’est beaucoup amélioré ces dernières années. D’abord, du point de vue du cadre juridique, pour la première fois dans notre pays, nous avons un code pénal qui comporte l’essentiel des infractions liées à la corruption telles qu’elles ressortent des conventions internationales des Nations Unies. Ensuite, nous avons aujourd’hui un organe dédié entièrement à la prévention de la corruption, ce qui n’est pas rien et surtout un organe dédié à la répression, je veux parler de la CRIET. Et, c’est très important dans la mesure où cette Cour contribue à un meilleur traitement judiciaire de la corruption dans notre pays », a-t-il clairement indiqué avant d’aller plus dans les détails chiffrés de l’excellente performance de la Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme : « Dans la lutte contre l’impunité, on sent la présence de cette Cour. Vous savez, la CRIET, c’est 55 dossiers de corruption traités depuis 2018, 116 cas de détournements, 35 cas de fraude fiscale, 225 cas de blanchiments déjà traités, 1956 cas de cybercriminalité… »
Selon Gervais LOKO, « Mieux que par le passé, les cas de corruption sont traités. Ce qui s’est aussi amélioré, c’est le processus de dématérialisation des procédures d’accès au service public. Cela limite la rencontre entre agent public et usager de l’administration et par conséquent les possibilités de marchandage du service public. »
Lutter contre mais aussi prévenir la corruption !
L’invité a salué l’avènement du Haut-Commissariat à la Prévention de la Corruption (H-CPC). « Il faut reconnaitre que l’IPC du Bénin a des progrès depuis 2016. Nous sommes passés de 36 points à 43… La prévention de la corruption, c’est vraiment l’essentiel », a-t-il précisé.
Le H-CPC permettra donc au Bénin de progresser au niveau de l’Indice de Perception contre la Corruption (IPC). Sur le volet relatif aux enjeux, il a expliqué que « l’enjeu, c’est que la corruption est systémique chez nous et qu’il faut s’en occuper et on a constaté que le cadre normatif mis en place, le cadre institutionnel mis en place pour faire face au phénomène, produit des résultats…>> Au-delà de tout, la gestion de l’intégrité reste l’enjeu crucial. « ALCRER et un peu plus largement la société civile travaillent sur la sensibilisation », a-t-il martelé.
Pour le cas de l’ONG Association de Lutte Contre le Racisme l’Ethnocentrisme et le Régionalisme (ALCRER), des outils didactiques ont été élaborés à cet effet pour permettre aux gens de connaitre davantage le phénomène et de mieux saisir les textes. Toutefois, il appelle à l’éthique professionnelle. « Lorsque vous gérez les affaires publiques sans casserole, vous êtes en paix à la retraite, vous avez la conscience tranquille. », a-t-il conseillé aux uns et aux autres.