Plus de 100 personnes ont été tuées ce lundi lors d’un bombardement sur un marché bondé à Kabkabiya, dans le Darfur-Nord, région de l’ouest du Soudan en proie à un conflit intense entre l’armée régulière et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). Selon le groupe d’avocats Emergency Lawyers, la frappe a eu lieu lors du marché hebdomadaire de la ville, où des habitants de villages voisins étaient venus faire leurs courses. L’attaque a fait des dizaines de morts et blessé plusieurs centaines d’autres, y compris des femmes et des enfants.
Cette tragédie survient alors que la guerre entre l’armée soudanaise et les FSR dure depuis plus de 20 mois, faisant des dizaines de milliers de morts et plus de 11 millions de déplacés. Le pays traverse l’une des pires crises humanitaires récentes, selon l’ONU.
Le groupe d’avocats a dénoncé le ciblage de zones résidentielles densément peuplées par les frappes aériennes, accusant l’armée de mener des « raids aveugles » qui frappent des civils. Des images vidéo envoyées à l’AFP montrent des personnes fouillant les débris du marché après l’attaque, avec des corps d’enfants retrouvés calcinés sur le sol.
De son côté, l’armée soudanaise a rejeté les accusations et qualifié de « mensonges » les allégations des groupes opposants aux FSR, affirmant qu’elle continue de défendre le pays légitimement.
D’autres attaques ont été signalées à Nyala, capitale du Darfour-Sud, où des frappes aériennes ont visé plusieurs quartiers, sans faire état de victimes. Ces bombardements font partie d’une campagne militaire en cours, qui a intensifié la souffrance des populations locales.
La situation au Darfour est catastrophique, avec environ un quart de la population soudanaise vivant dans cette région, dont plus de la moitié est déplacée. Des rapports de l’ONU en juillet ont signalé la famine dans des camps de réfugiés du Darfour-Nord, exacerbée par le siège des FSR, qui a coupé l’accès aux biens essentiels et à l’aide humanitaire.
Les exactions contre les civils se multiplient dans le pays, comme l’indique Human Rights Watch qui a récemment dénoncé des crimes de guerre commis par les FSR et leurs alliés. L’ONG a appelé les Nations Unies et l’Union africaine à déployer une mission pour protéger les civils au Soudan.
