Défis contemporains de la liberté de la presse : le regard critique de Nuno Andrade Ferreira

Lors du séminaire en ligne consacré à la prévention des poursuites judiciaires contre les journalistes, militants et défenseurs des droits humains, organisé hier jeudi 21 novembre 2024 par le MFWA, Nuno Andrade Ferreira, journaliste et expert des médias, a livré un message sur la réalité des journalistes en Afrique de l’Ouest et au-delà.

Selon lui, la question de la liberté de la presse ne réside pas simplement dans l’existence de lois restrictives, mais plutôt dans leur application et leur interprétation défaillantes, ainsi que dans l’attitude des autorités politiques. Pour Nuno Ferreira, « le réel problème ce n’est pas les lois, mais ceux qui les interprètent et comment elles sont appliquées, ou pire encore, ignorées ».

Ce constat reflète une dynamique plus complexe où la législation en soi, même si parfois contraignante, n’est pas le cœur du problème ; ce sont bien les acteurs chargés de faire respecter ces lois qui deviennent le véritable obstacle.

Nuno Ferreira s’attaque ainsi à un dysfonctionnement majeur : ce sont souvent ceux qui sont censés protéger la liberté de la presse qui, en réalité, la violent. « Les autorités politiques dans nos pays sont les principaux violateurs des droits des journalistes. Ceux qui sont censés nous protéger sont souvent ceux qui violent nos droits », a-t-il précisé.

Cette contradiction flagrante entre le rôle des institutions publiques et leur action sur le terrain est, selon lui, un problème central qui empêche l’épanouissement d’une presse libre et indépendante.
Un autre point essentiel de son intervention porte sur l’urgence de mettre en place des mécanismes d’alerte pour protéger les journalistes face aux violations de leurs droits. « Nous devons créer un mécanisme d’alerte solide, qui nous permettra de rendre publics les cas de violations de la liberté de la presse plus rapidement », a-t-il insisté.

Face à une situation où l’oppression des journalistes peut se faire dans l’anonymat ou avec une lenteur administrative décourageante, ce genre d’outil pourrait permettre une réaction rapide, tout en exerçant une pression médiatique internationale pour garantir la protection des journalistes menacés.

Mais la question de la liberté de la presse ne se limite pas aux frontières du Cap-Vert ou de la Guinée-Bissau, bien que ces deux pays aient été au centre des propos de Ferreira. La réalité des journalistes africains, selon lui, s’inscrit dans un phénomène global où les pressions politiques, la violence physique, et la criminalisation de l’exercice journalistique sont des risques croissants. « Les défis auxquels les journalistes sont confrontés à l’échelle internationale sont conséquents », a-t-il souligné, rappelant que ce qui se passe en Afrique se répercute également dans d’autres parties du monde.

L’expert des médias, a souligné un chiffre tragique : « Plus de 87 journalistes professionnels ont payé de leur vie pour diffuser l’information. » Cette statistique dramatique démontre l’ampleur de la menace pesant sur ceux qui choisissent de dévoiler la vérité.

Selon lui, en 2024, s’engager dans le métier de journaliste n’est plus seulement un choix professionnel, mais un véritable engagement face au risque. « S’engager dans le métier de journaliste, c’est s’engager dans un métier très risqué », a averti Nuno Andrade Ferreira. Un constat alarmant, mais qui illustre l’urgence de renforcer les protections juridiques et les mécanismes de soutien pour les journalistes, qui se trouvent souvent à la croisée des chemins entre leur devoir d’informer et leur propre sécurité.

Ainsi, les propos de Nuno Ferreira résonnent comme un appel à une prise de conscience collective, tant au niveau national qu’international. La liberté de la presse, élément fondamental de toute démocratie, est aujourd’hui mise à mal par des politiques répressives et des attaques incessantes contre ceux qui osent poser les questions dérangeantes. Si ces menaces continuent de croître, il est impératif de construire une solidarité plus forte, tant au sein des pays concernés qu’à l’échelle mondiale, pour garantir la sécurité et l’indépendance des journalistes dans l’exercice de leur métier.

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