Le communiqué final du sommet de Rio de Janeiro évoque un cessez-le-feu à Gaza, l’imposition des milliardaires, la réforme de la gouvernance mondiale, le financement de la lutte contre les changements climatiques, mais ne cite pas la Russie.
Lula a-t-il voulu imposer sa vision de la guerre entre la Russie et l’Ukraine lors du sommet du G20 ? Celui-ci se déroule à Rio de Janeiro jusqu’à mardi, mais la déclaration finale a déjà été publiée lundi soir. Loin de condamner l’ agression russe , le document salue « toutes les initiatives pertinentes et constructives en vertu de la paix » et évoque « les principes de relations pacifiques, amicales et de bon voisinage entre les nations ».
Une déclaration qui provoque une certaine gêne dans les milieux diplomatiques occidentaux. « Le texte aurait gagné à être plus explicite », déplore Emmanuel Macron. « Ce communiqué est ainsi fait. Il a été clôturé par le président Lula. Mais il est en deçà de la formule que l’on a déjà pu obtenir. Ça ne change rien à la position de la France. Il faut être très clair sur le fait qu’il s’agit d’une guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine et que notre priorité est d’obtenir une paix durable », affirme le président français.
« Notre devoir est d’aider l’Ukraine à résister. C’est une guerre de résistance », a ajouté Emmanuel Macron après la décision du président américain Joe Biden d’ autoriser des frappes en territoire russe .
Auparavant, le président français avait déjà exprimé son scepticisme à l’égard de « communiqués qu’on ne lit plus ». « Le risque est grand d’avoir la même réunion dans un an avec les mêmes et de dire : »On va le faire », et d’être les spécialistes du »On va le faire » ».
Non à l’accord avec le Mercosur en l’état
Emmanuel Macron a également profité de son nouveau passage au Brésil pour rappeler son opposition à l’ accord entre l’Union européenne et le Mercosur . « Il y a une volonté de lien très étroit avec ce continent et en particulier le Brésil, qui est le plus grand marché de la région, mais de ne pas le faire aux dépens de notre agriculture ».
« On croit à une relation commerciale en cohérence avec notre approche climatique… On veut ne pas importer des produits agricoles qui ne respectent pas les règles que nous nous sommes imposées à nous-mêmes ».
Emmanuel Macron qui affiche sa volonté de « protéger nos agriculteurs » et qui affirme que la France n’est pas isolée en Europe sur ce dossier, en citant les exemples de la Pologne, de l’Autriche et de l’Italie.
Sur le climat, le G20 a plutôt déçu, même si la déclaration finale mentionne la nécessité d’augmenter «la finance climatique de milliards à des milliers de milliards, de toutes les sources». Alors que les négociations piétinent à Bakou, où se tient la COP29 jusqu’au 22 novembre, beaucoup attendaient pourtant une déclaration forte des leaders du G20 sur le sujet.
« Les dirigeants du G20 n’ont pas envoyé de signaux politiques pertinents : pas de chiffre et une attention encore trop importante à la finance privée», a déploré à Bakou Gaïa Febvre, responsable des politiques internationales au Réseau Action Climat.
En outre, la «sortie progressive des émissions fossiles», arrachée de haute lutte l’an dernier à la COP28 de Dubaï, n’a pas non plus été mentionnée. «Le G20 n’est pas à la hauteur alors que l’urgence climatique est plus forte que jamais», juge aussi Gaïa Febvre.