Hier, 8 novembre 2024, Duma Gideon Boko est officiellement devenu le nouveau président du Botswana après avoir prêté serment lors d’une cérémonie historique au stade de Gaborone, la capitale du pays. À 54 ans, il succède à Ian Khama et Mokgweetsi Masisi, mettant ainsi fin à près de 60 ans de domination du Parti démocratique du Botswana (BDP) qui avait régné sans partage depuis l’indépendance en 1966. Cette victoire, obtenue grâce à son parti, l’Umbrella for Democratic Change (UDC), lors des élections législatives du 30 octobre, marque un tournant majeur dans la politique du pays.
Un moment symbolique pour le Botswana
L’investiture de Duma Boko s’est déroulée dans un climat solennel et festif. Devant une foule enthousiaste, il a prêté serment avec ces mots : « Moi Duma Gideon Boko, jure de m’acquitter fidèlement et avec diligence de mes devoirs et de mes fonctions dans le cadre de la haute fonction de Président de la République du Botswana. » Une promesse solennelle qui représente l’aspiration d’une nation à changer de cap après des décennies de leadership sans alternance.
De nombreuses personnalités africaines et internationales ont assisté à cette cérémonie, dont les présidents Emmerson Mnangagwa du Zimbabwe, Hakainde Hichilema de Zambie, ainsi que des figures politiques comme l’ancien président Ian Khama, le vice-président sud-africain Paul Mashatile, et Julius Malema, leader des Combattants pour la liberté économique d’Afrique du Sud. Leur présence souligne l’importance de cette transition dans un pays symbolique pour la stabilité démocratique en Afrique australe.
Des défis économiques pressants
Si la victoire de Duma Boko est un moment de célébration pour ses partisans, les défis qui l’attendent sont considérables. Le Botswana, traditionnellement reconnu pour sa stabilité politique et ses succès économiques, fait face à des difficultés économiques majeures. Le pays reste largement dépendant des exportations de diamants, qui représentent 80 % de ses exportations totales. Toutefois, la baisse des prix de ce minerai essentiel a fragilisé l’économie, et le pays peine à diversifier ses sources de revenus.
Le chômage, qui atteignait déjà 25,9 % en 2023, a continué de grimper en 2024, pour atteindre 27,6 %. Ce phénomène est devenu la préoccupation principale des citoyens, dépassant même des sujets comme la santé, la criminalité, la pauvreté, l’éducation et la corruption, selon une étude d’Afrobarometer. Dans ce contexte, la question de l’emploi et de la croissance économique sera au cœur des priorités du président Boko.
Un message d’unité et de solidarité
Face à ces défis, Duma Boko a lancé un appel fort à l’unité nationale dans son discours inaugural. Il a souligné que le Botswana ne pouvait pas se permettre de se diviser davantage. « Nous ne pouvons pas nous laisser entraîner dans des querelles pour savoir où se trouve la ligne et qui se tient de quel côté. Le message que je transmets est celui de l’unité, de la solidarité. Nous sommes le village que l’avenir regardera et dont il fera l’éloge ou qu’il regardera en se lamentant. » Ces mots visent à rassembler une nation souvent marquée par des clivages politiques et sociaux.
Le président élu a également évoqué la nécessité d’une approche collective pour surmonter les difficultés économiques et créer un environnement propice à l’investissement et à la création d’emplois, tout en mettant l’accent sur la transparence et la lutte contre la corruption. Pour lui, la solidarité entre les Botswanais sera la clé pour réussir cette transition délicate.
Un avenir incertain mais prometteur
L’arrivée de Duma Boko au pouvoir ouvre une nouvelle page dans l’histoire du Botswana. Après des décennies de règne du BDP, le pays se dirige vers une ère politique nouvelle, où les attentes sont grandes et les incertitudes nombreuses. Le défi sera de taille, mais le pays dispose d’une base solide en matière de gouvernance démocratique, ce qui pourrait offrir à Boko les outils nécessaires pour réussir son mandat.
Le Botswana, qui a été un modèle de stabilité démocratique en Afrique, pourrait ainsi amorcer un virage crucial. Si le nouveau président parvient à relever les défis économiques et sociaux qui se posent, le pays pourrait non seulement maintenir son cap, mais aussi ouvrir de nouvelles perspectives pour sa population. Le monde entier observera avec attention les premières actions du gouvernement de Duma Boko, en espérant que cette transition marquera un tournant bénéfique pour l’avenir du Botswana.
