Washington, 24 avril 2025 – Le Bénin vient de franchir une nouvelle étape vers la structuration de son financement climatique. En marge des Assemblées de printemps du FMI et de la Banque mondiale, le gouvernement béninois a signé un Mémorandum-Cadre de Collaboration avec plusieurs bailleurs de fonds internationaux de premier plan. Ce dispositif marque le premier cadre multipartenaire de financement climatique en Afrique de l’Ouest centré sur un seul pays.
Un cadre unique pour capter les capitaux verts
Ce partenariat réunit la Banque mondiale (BIRD, IDA, SFI), la Banque africaine de développement (BAD), la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB), le Fonds OPEC, ainsi que l’Union européenne. Objectif : accélérer la mise en œuvre des politiques climatiques du Bénin, améliorer la résilience économique, et favoriser la mobilisation de capitaux publics et privés. « Ce mémorandum marque un tournant pour notre pays. Il va nous permettre de renforcer notre capacité d’action climatique tout en générant de l’emploi et de la croissance inclusive », a déclaré Romuald Wadagni, ministre d’État chargé de l’économie et des finances du Bénin.
Des engagements concrets dès 2025
Le Fonds OPEC a déjà engagé 30 millions d’euros, tandis que l’Union européenne prévoit une enveloppe initiale de 28 millions d’euros dès 2025, suivie d’un complément en 2026. Ces financements permettront de soutenir une série de réformes structurelles et de projets à fort impact, dans le cadre du programme de Résilience et de Durabilité signé avec le FMI en 2023. Le Mémorandum-Cadre prévoit également le recours à des instruments innovants, comme les obligations vertes, les financements mixtes, ou les mécanismes de coopération carbone de l’article 6 de l’Accord de Paris.
Vers une meilleure gouvernance du financement climatique
Le cadre signé par le Bénin pose aussi les bases d’une gestion plus transparente et plus performante des ressources vertes. Il intègre des engagements en matière de suivi budgétaire, de reddition de comptes et de renforcement institutionnel. Pour Marie-Chantal Uwanyiligira, Directrice de la Banque mondiale pour le Bénin, la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Togo : « Le leadership du gouvernement béninois et la qualité de la coordination entre partenaires ont permis d’aligner les financements sur une vision claire, ambitieuse et réaliste du développement durable. »
Olivier Buyoya, Directeur régional de la SFI pour l’Afrique de l’Ouest, y voit une opportunité stratégique : « Cette initiative ouvre la voie à une mobilisation élargie du secteur privé, en renforçant la profondeur des marchés financiers verts et en réduisant les risques liés aux projets. »
Une stratégie verte à long terme
Ce Mémorandum s’inscrit dans la continuité de la Table ronde sur le financement climatique tenue à Cotonou en juillet 2024 et des engagements renforcés du Bénin lors de la COP29 à Bakou. Il amorce la deuxième phase de la Plateforme nationale de financement climatique, qui comprend déjà la monétisation du carbone, la réforme de la gouvernance environnementale, et des mécanismes de financement hybrides pour les projets d’atténuation et d’adaptation.
Le Bénin entend ainsi se positionner comme un modèle de planification climatique intégrée et de mobilisation de financements innovants sur le continent. À l’heure où l’Afrique subsaharienne peine encore à canaliser les capitaux verts promis, cette initiative pourrait bien inspirer d’autres pays à suivre la voie d’un développement sobre en carbone, soutenu et structuré.