Les autorités maliennes ont ordonné, hier, mardi quinze avril 2025, la fermeture des bureaux du groupe minier canadien Barrick Gold à Bamako, accusé de ne pas s’être acquitté de ses impôts. Cette décision s’inscrit dans un conflit de plus en plus tendu entre l’État malien et le géant aurifère, autour de l’exploitation du complexe de Loulo-Gounkoto, l’un des plus vastes gisements d’or au monde.
Le différend a été exacerbé par la réforme du code minier malien en 2024. Bamako réclame à Barrick Gold plusieurs centaines de millions de dollars d’arriérés, invoquant la souveraineté économique du pays. Le groupe canadien, qui détient 80 % du complexe contre 20 % pour l’État, dénonce une volonté d’appliquer le nouveau code avec effet rétroactif, ce qu’il juge inacceptable.
En janvier, les autorités ont saisi trois tonnes d’or extraites sur le site. L’exportation est depuis bloquée, quatre employés maliens de la compagnie sont incarcérés, et des mandats d’arrêt ont été émis en décembre contre deux dirigeants de Barrick pour blanchiment de capitaux.
Le groupe affirme avoir versé 85 millions de dollars en octobre, dans le cadre d’un accord négocié avec le ministère de l’Économie et des Finances, qui reste toujours non signé. Il accuse désormais « un petit groupe d’individus » de bloquer le processus pour des raisons personnelles ou politiques.
Barrick Gold dit chercher une issue constructive, tout en se préparant à recourir à l’arbitrage international. L’or représente environ 25 % des recettes budgétaires du Mali, un pays dirigé par une junte militaire qui prône la souveraineté sur les ressources naturelles et la lutte contre la corruption.