Moody’s maintient la pression sur une France à la croissance fragile

Quatre mois après avoir abaissé la note de la France à Aa3, Moody’s doit trancher : maintenir cette notation ou ajuster sa perspective. L’économie tricolore est affaiblie. Le contexte politique reste instable. Et l’effort budgétaire prévu peine à convaincre.

Depuis décembre, l’agence pointe la fragmentation politique comme un frein à un redressement rapide des finances publiques. Contrairement à Fitch et S&P qui ont joint une perspective négative à leur note « AA-« , Moody’s l’a assortie d’une perspective stable. Mais cela pourrait changer.

Entre-temps, Paris a présenté un budget 2025 avec un effort d’ajustement de 50 milliards d’euros, augmenté de 5 milliards cette semaine. Ce plan vise à ramener le déficit public à 5,4 % du PIB en 2025, contre 5,8 % en 2024. Objectif à long terme : repasser sous les 3 % en 2029. Une ambition jugée irréaliste par plusieurs économistes.

La situation se complique davantage avec la crise commerciale déclenchée par les États-Unis. Même si la surtaxe douanière contre l’Union européenne a été partiellement suspendue, la croissance attendue est désormais révisée à 0,7 % pour 2025, contre 1,1 % en 2024.

Autre contrainte : la remontée des taux d’intérêt, qui alourdit le service de la dette publique française, estimée à 113 % du PIB. En 2024, les seuls intérêts ont coûté 58 milliards d’euros.

Le gouvernement exclut une hausse d’impôts généralisée. Il évoque plutôt un possible rabot sur les niches fiscales, un effort demandé aux retraités ou une hausse de la TVA – des pistes politiquement risquées. Le climat social tendu rend toute réforme difficile.

Malgré tout, la France conserve quelques cartes en main : une économie diversifiée, une dette très liquide, une administration reconnue. Mais cela suffira-t-il ?

Pour Eric Dor, économiste à l’IESEG, Moody’s aurait des arguments solides pour abaisser à nouveau la note. “Mais les décisions des agences peuvent parfois sembler arbitraires”, prévient-il.

Le verdict de Moody’s est attendu ce vendredi. En jeu : la crédibilité financière de l’État français, déjà sous pression.

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