Le Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), Claver Gatete, a critiqué l’architecture financière mondiale, la qualifiant d’« obsolète, inéquitable et injuste ». Lors de la 46e session ordinaire du Conseil exécutif de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, qui se tient sous le thème « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine par les réparations », C. Gatete a souligné les inégalités persistantes auxquelles l’Afrique fait face. Il a insisté sur la nécessité de réformer la gouvernance des institutions financières internationales afin de garantir une représentation plus forte de l’Afrique dans l’élaboration des politiques économiques mondiales.
Le Secrétaire exécutif a rappelé que la traite des esclaves transatlantique et l’exploitation coloniale ont privé l’Afrique de ses ressources humaines et naturelles, laissant des séquelles qui se manifestent toujours dans les systèmes financiers mondiaux et les structures commerciales actuelles.
Il a également appelé à une réorganisation de la dette, afin de permettre aux pays africains d’investir davantage dans le bien-être de leurs populations et dans leur développement, au lieu de s’enfoncer sous le poids de taux d’intérêt élevés.
Selon Gatete, l’extraction des ressources africaines sans développement correspondant, la sous-évaluation des économies africaines dans les évaluations de crédit mondiales et les obstacles systématiques au commerce et à l’investissement témoignent de ces injustices persistantes.
Le Secrétaire exécutif a souligné que, bien que l’Afrique possède 30 % des réserves mondiales de minéraux, dont 40 % de l’or et jusqu’à 90 % du chrome et du platine, elle ne représente que moins de 3 % du commerce mondial et seulement 1 % de la production manufacturière.
Il a aussi fait remarquer que l’injustice se reflète dans les notations de crédit, dominées par des agences étrangères qui attribuent parfois des évaluations subjectives et injustes aux économies africaines. À titre d’exemple, il a mentionné que seuls le Botswana et l’île Maurice disposent de notations d’investissement, tandis que d’autres pays, malgré des bases économiques solides, sont classés comme « à haut risque ».
Gatete a conclu que cette situation augmente les coûts d’emprunt, freine les investissements et maintient les économies africaines dans des cycles d’endettement. Il a insisté sur l’importance de traiter ces injustices, non seulement sous l’angle financier, mais également dans le cadre d’un dialogue sur la justice réparatrice pour le continent.