Le rachat de Société Générale Cameroun (SGC) par Coris Bank International (CBI) rencontre des obstacles. Selon des informations de Sika Finance, bien que le groupe bancaire burkinabé, dirigé par Idrissa Nassa, ait conclu un accord avec la Société Générale pour reprendre les 58,08 % de participation de celle-ci dans sa filiale camerounaise, les autorités locales ont exprimé leur opposition à la transaction.
Dans une lettre adressée au président du conseil d’administration de SGC, le ministre camerounais des Finances a annoncé l’intention de l’État d’exercer son droit de préemption, tel que prévu dans les statuts de la société. « Conformément à l’article 10.2 des statuts de la Société, l’État du Cameroun, par l’intermédiaire du ministère des Finances, souhaite user de son droit de préemption », indique la correspondance. Le ministre a également demandé à être informé des prochaines étapes pour finaliser cette transaction.
Le prix de vente fait débat
Le droit de préemption permet à l’État de se substituer à l’acquéreur potentiel en rachetant l’actif au prix proposé, ce qui dans ce cas, représente un obstacle pour Coris Bank. Le groupe burkinabé avait convenu de verser un montant de plus de 160 millions d’euros pour prendre le contrôle de la banque camerounaise, mais les autorités camerounaises jugent ce prix excessif. D’après le média local EcoMatin, le gouvernement, avec l’aide du cabinet Grant Thornton, a réalisé une contre-évaluation qui a donné un montant bien inférieur à celui proposé par Coris Bank. Cela laisse la porte ouverte à de nouvelles négociations entre les parties pour trouver un prix acceptable.
Un marché stratégique pour Coris Bank
L’acquisition de la deuxième banque du pays par Coris Bank aurait marqué un pas important dans l’expansion de la banque burkinabé au Cameroun, un marché avec 18 établissements de crédit. Société Générale, avec ses 47 agences à travers le pays, est une figure de proue du secteur bancaire camerounais, ayant enregistré en 2022 un bénéfice de 22,8 milliards FCFA et 29,8 milliards FCFA en 2023.
En exerçant son droit de préemption, l’État camerounais, déjà propriétaire de 25,6 % du capital de SGC, ne cherche pas nécessairement à prendre le contrôle total de la banque, mais plutôt à s’assurer que le choix du repreneur soit conforme à ses attentes. Cette position rappelle celle du Congo, où les autorités ont également utilisé leur droit de préemption lors de la cession de la filiale congolaise de Société Générale, avant de confier la reprise à BGFIBank, malgré un accord signé avec Vista Bank.
Des discussions en cours pour un repreneur alternatif
Bien que l’État camerounais n’ait pas encore annoncé de préférence claire, des sources affirment que BGFIBank a exprimé son intérêt pour l’acquisition de Société Générale Cameroun. D’autres options incluent des discussions avec la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), le fonds de pension public, ou la Caisse des dépôts et consignations, mais aucune décision finale n’a été prise.
À noter que Coris Bank a déjà acquis deux filiales africaines de Société Générale, au Tchad et au Mozambique, dans le cadre du processus de désengagement du groupe français du continent.