Textiles : fermeture des bornes de collecte, la filière française menacée par l’Asie

Depuis l’été 2024, la filière française de valorisation des déchets textiles, jusque-là un modèle à la pointe en Europe et dans le monde, se trouve confrontée à une menace grandissante en provenance de l’Asie. Ce phénomène se traduit notamment par la fermeture des bornes de collecte gérées par des associations.

Au 1er janvier 2025, les pays européens devront instaurer une collecte séparée de leurs textiles, à l’instar du verre ou du papier, une pratique déjà en place en France depuis plusieurs années. Le pays dispose de plus de 47 000 bornes de collecte qui permettent de récolter 34% des déchets textiles, selon Refashion, l’éco-organisme chargé de l’accompagnement vers une économie circulaire.

Cependant, certaines structures en charge de la collecte des textiles, linge de maison et chaussures (TLC) ont cessé tout ou partie de leurs opérations, en particulier dans certaines régions. Le Relais, un acteur clé de l’économie sociale et solidaire, a indiqué à l’AFP qu’il poursuivra toutefois ses activités de collecte via ses bornes relais.

Les fermetures sont principalement dues à un « ralentissement important du marché mondial de la friperie » depuis juin 2024, explique Le Relais. Cette situation touche directement la collecte, car 60% des textiles triés en France sont revendus en seconde main, principalement à l’étranger.

Un marché en déclin

Le marché de la friperie exportée, essentiel pour le financement des acteurs de l’économie sociale et solidaire, subit une forte baisse. Les acheteurs africains, qui étaient traditionnellement des acheteurs importants de vêtements usagés en Europe, se tournent désormais vers la Chine, où les fripes, voire des vêtements neufs, sont bien moins chers. Sandra Baldini de Refashion explique que cela rend les fripes européennes moins attractives pour les grossistes.

Ce revirement brutal pourrait cependant avoir des effets positifs sur l’environnement. L’exportation massive de déchets textiles, principalement vers l’Afrique, représente une catastrophe écologique et sociale. Une grande partie de ces déchets, qui ne trouvent pas preneur dans les marchés de friperie, finit dans des décharges informelles ou dans des cours d’eau.

Revalorisation et recyclage : défis à relever

Face à ce déclin, les experts appellent à une revalorisation des vêtements usagés sur le territoire français. L’Union des Industries Textiles (UIT) plaide pour une meilleure gestion des déchets textiles en France. Toutefois, le recyclage « de fil à fil » – c’est-à-dire transformer un vêtement en un autre – reste encore à ses balbutiements. Bien que la recherche progresse, le recyclage de matières mixtes, comme le coton mélangé au polyester, n’a pas encore atteint une étape industrielle viable.

En attendant que le recyclage se structure, une phase de revalorisation énergétique semble inévitable, prédisent les experts. Ce processus consiste à transformer les textiles en combustible.

Accompagner la transition du secteur

Face à ce changement structurel, il est crucial de soutenir les acteurs de l’économie sociale et solidaire afin qu’ils s’adaptent à ce nouveau modèle économique. Sandra Baldini insiste néanmoins : « Ce n’est pas parce que des difficultés se présentent qu’il faut arrêter de donner ses vêtements en bornes de collecte. La pire chose serait de les jeter dans les poubelles classiques. »

Elle rappelle que 100% des textiles jetés dans les poubelles ordinaires sont incinérés, tandis que seulement 0,5% de ceux collectés en bornes finissent incinérés, soulignant l’importance de maintenir la collecte en points dédiés.

Partage:
Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *