La série d’échanges entre les secteurs public et privé, lancée par le Ministère de l’Économie et des Finances (MEF) à travers la Cellule technique d’appui à l’amélioration du climat des affaires (Ctaaca), se poursuit. Le cinquième acte de cette série, qui s’est tenu vendredi dernier au Novotel Hôtel de Cotonou, a porté sur les réformes relatives aux services financiers et au commerce transfrontalier.
Concernant le commerce transfrontalier, notamment les contrôles douaniers et les procédures de dédouanement, le gouvernement du président Patrice Talon a mis en place un guichet unique pour le commerce extérieur. Cette initiative a été présentée par le Colonel des douanes, dépêché pour l’occasion. Selon lui, la Direction Générale des Douanes a instauré ce guichet unique en 2018, dans le but de faciliter les transactions commerciales. Le lieutenant-colonel Raouf Malèhossou Aboudou a expliqué que ce guichet présente plusieurs avantages, notamment la simplification des procédures, la dématérialisation des services, le respect de la réglementation, ainsi que la transparence et la célérité des opérations. En outre, il contribue à la réduction des coûts, des délais et des déplacements.
Au-delà du GUCE, d’autres améliorations ont été apportées pour moderniser le commerce transfrontalier. Le conseiller technique au suivi des réformes, Illyass Sina, a souligné que ces réformes permettront aux acteurs du secteur de réaliser leurs opérations de déclaration, de règlement tarifaire et de suivi de leurs procédures exclusivement en ligne, sans nécessiter de déplacements, grâce à la digitalisation.
En mai 2019, un programme national d’Opérateurs Économiques Agréés (OEA) a été mis en place. Ce programme permet aux opérateurs économiques béninois, jugés dignes de confiance pour leurs opérations douanières (tels que les importateurs, exportateurs, fabricants, etc.), de bénéficier d’avantages particuliers. L’inspecteur de première classe des douanes, Raouf Malèhossou Aboudou, a précisé que pour être bénéficiaire de ce statut, les opérateurs doivent répondre à certains critères de conformité, tels que le respect des exigences douanières, une gestion satisfaisante des écritures commerciales, une solvabilité financière et le respect des normes de sécurité et de sûreté.
Les avantages pour les opérateurs économiques agréés incluent l’utilisation du label OEA et la célérité dans le traitement de leurs dossiers. De plus, les transporteurs bénéficient d’une réduction de la fréquence des contrôles, et leurs déclarations sont automatiquement considérées comme conformes, sauf en cas de sélection aléatoire. Un couloir de circulation spécial est également prévu pour eux aux frontières terrestres et dans les ports, afin de les épargner des longues files d’attente.
À ce jour, trois entreprises béninoises ont accès à ces avantages : le supermarché Erevan, le groupe DHL et la société béninoise des brasseries (Sobebra).
Il convient de noter que le Bénin est le premier pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre à avoir établi un Accord de Reconnaissance Mutuelle (ARM) avec la Chine, après l’Afrique du Sud, l’Ouganda et le Burundi. Cet accord, signé le 25 octobre 2024, permet au Bénin de bénéficier de dédouanements plus rapides et de programmes OEA équivalents. Il vise également à cibler les envois à haut risque et à faciliter les échanges entre les deux pays.
En termes de perspectives, la douane béninoise compte sur la toute dernière technologie, le « Customs Webb », acquise en juillet 2022, pour améliorer l’accessibilité et la disponibilité du système douanier. Cette technologie vise à renforcer la performance du système douanier et à faciliter les échanges d’informations entre la douane béninoise et les autres acteurs. À long terme, la douane aspire à un système informatique moderne, intégrant les dernières innovations, telles que l’intelligence artificielle.
Lors de la soirée d’échanges, les enjeux des paiements électroniques au Bénin ont également été abordés. En particulier, la question de la sécurisation des transactions dans un environnement numérique représente un autre volet crucial de la modernisation des services financiers. Dorelle ADIDO, chef de la section Surveillance des systèmes de paiement auprès de la BCEAO, a présenté les défis et les opportunités associés aux moyens de paiement numériques dans le pays. Elle a souligné les avantages indéniables du développement du mobile money et des virements électroniques, notamment en termes d’inclusion financière et d’accessibilité aux services bancaires pour une grande partie de la population béninoise. Cependant, elle a également mis en lumière les risques liés à cette évolution, tels que le blanchiment d’argent et la cybercriminalité. Dès lors, la réglementation en matière de paiements électroniques doit être rigoureuse et en constante évolution afin de sécuriser les transactions, tout en favorisant l’innovation et la croissance du secteur.
Le Président du Tribunal de commerce de Cotonou, Romain Koffi, a également exposé les réformes du système judiciaire commercial, visant à améliorer le recouvrement des créances et à résoudre les contentieux liés au crédit. Il a souligné l’importance de garantir la solvabilité des entreprises et d’améliorer la transparence dans le processus de crédit. Ces réformes faciliteront également la consultation des états de sûreté, contribuant ainsi à sécuriser les transactions commerciales et à encourager les investisseurs.
En somme, les réformes douanières et financières mises en place par le Bénin s’inscrivent dans une vision globale de transformation de l’économie. Elles visent à renforcer la compétitivité du pays en facilitant le commerce transfrontalier, tout en améliorant l’accès aux services financiers et en garantissant un environnement d’affaires plus transparent et sécurisé.