Punaises de lit : combattre l’envahisseur sans produits chimiques

La lutte contre les punaises de lit pourrait prendre un tournant écologique. Une étude française récente démontre que deux produits naturels sont presque aussi efficaces qu’un insecticide pour éliminer ces nuisibles.

Dessèchement

Face à une infestation de punaises, il est nécessaire de désinfecter les tissus à haute température et de traiter les murs. Cela peut se faire avec des insecticides chimiques, des produits desséchants ou de la terre de diatomées, qui est composée de fossiles d’algues très abrasifs. Pascal Delaunay, du CHU de Nice, a identifié une molécule naturelle desséchante.

« La terre de Sommières est utilisée en France pour enlever les taches de vin et de gras grâce à son pouvoir absorbant », explique M. Delaunay, auteur principal de l’étude parue l’été dernier dans la revue scientifique *Parasite*. « En discutant avec des collègues, nous nous sommes interrogés sur son utilisation contre les punaises de lit. »

Les chercheurs niçois ont testé trois produits : un insecticide desséchant professionnel (dioxyde de silicone), la terre de diatomées et la terre de Sommières. Le dioxyde de silicone a montré une efficacité de 100 % après une exposition de 10 minutes. Les terres de diatomées et de Sommières ont atteint une efficacité de 85 % dix jours après la même exposition.

« Les performances sont très comparables. Le dioxyde de silicone est un produit professionnel potentiellement dangereux pour la santé respiratoire, et la terre de diatomées peut poser des problèmes pour ceux ayant déjà des problèmes respiratoires. Nous pensons que la terre de Sommières devrait être utilisée par les particuliers et les exterminateurs », affirme Pascal Delaunay.

Les chercheurs ont également étudié si une punaise exposée à ces produits pouvait « contaminer » ses congénères, un test connu sous le nom de « transfert horizontal ». Dans ce cas, la terre de Sommières était moins efficace, avec une mortalité de 65 %, contre 90 % pour la terre de diatomées et 97 % pour le dioxyde de silicone.

L’ABC de la terre de Sommières

Scientifiquement décrite au début du XIXe siècle par des géologues français, la terre de Sommières est une argile ultrafine. Initialement utilisée par l’industrie textile, elle a ensuite été adoptée par les pharmaciens.

Également appelée « sépiolite », « savon de Fez » ou « marnes décrassantes », selon l’Office de tourisme de Sommières, cette terre provient désormais principalement du Maroc et d’Espagne, la mine originale de Salinelles ayant fermé en 1981.

Le point de vue d’un exterminateur québécois

Au Québec, la terre de diatomées est également utilisée pour lutter contre les punaises de lit, souligne Marc-André Canadian, un exterminateur de Montréal au micro de La Presse : « nous avons aussi trois ou quatre produits chimiques. Personnellement, je combine souvent un produit chimique avec de la terre de diatomées. »

« Il est intéressant de découvrir de nouvelles options naturelles, car certains clients préfèrent cette approche », ajoute-t-il, précisant qu’il n’avait pas entendu parler de la terre de Sommières.

Un problème grandissant

Les punaises de lit sont un problème depuis l’Égypte antique. L’arrivée du pesticide DDT pendant la Seconde Guerre mondiale a temporairement réduit les infestations dans les pays développés, mais son interdiction dans les années 1970 a entraîné une recrudescence des cas. Depuis le début du troisième millénaire, les infestations ont augmenté de plus de 100 % par an dans les pays riches.

Une étude de 2019 dans la revue PNAS a révélé une augmentation de 700 % des visites aux urgences liées aux punaises de lit aux États-Unis entre 2007 et 2010. Plus de 80 % des hôtels américains ont connu au moins une infestation.

Les hôpitaux ne sont pas épargnés et doivent parfois fermer des lits pour gérer une infestation.

Statistiques clés

– 5 % des ménages américains ont des problèmes récurrents de punaises de lit, et ce taux monte à 12 % pour les ménages à faibles revenus.
– 20 % des ménages américains font face à une infestation de punaises de lit chaque année.
– 450 millions d’euros (soit 300 millions d’euros) : coût annuel des punaises de lit pour la société française.

Sources : PNAS et Journal of Medical Entomology.

Partage:
Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *