Vie au Travail : Amazon cherche à alléger la bureaucratie

Les employés arrivant au siège d’Amazon à Seattle. En septembre 2023, l’entreprise a annoncé que tous les employés devront revenir au bureau cinq jours par semaine à partir du 2 janvier 2025.

Dès janvier, les employés d’Amazon devront se rendre au bureau tous les jours, mais ils pourraient bénéficier d’une réduction des réunions peu stimulantes. Dans une note adressée aux employés, le PDG Andy Jassy s’engage à diminuer la bureaucratie et à alléger le nombre de réunions. Il déclare : finis les « préréunions qui précèdent les préréunions avant la réunion décisive ». Amazon, avec ses 1,5 million d’employés, n’est pas la seule entreprise à chercher à réduire la bureaucratie, un fléau qui s’est amplifié durant la période d’embauche massive due à la pandémie.

Il est estimé que les grandes entreprises gaspillent chaque année 100 millions de dollars en réunions inutiles. De nombreux dirigeants pensent que la moitié de ces réunions pourraient être évitées sans conséquence.

Les employés d’Amazon avaient déjà exprimé leur mécontentement lorsque la société a demandé un retour partiel au bureau au printemps 2023. À partir de janvier 2025, la présence sera obligatoire cinq jours sur sept, mais les réunions ennuyeuses pourraient se faire plus rares.

M. Jassy vise à simplifier la hiérarchie pour permettre aux employés d’agir rapidement sans les procédures et réunions superflues qui entraînent des coûts fixes et du temps perdu.

Initiative pour alléger la bureaucratie

Certains experts en organisation saluent l’initiative de M. Jassy, qui envisage de réduire les niveaux de management et de mettre en place une « boîte à suggestions anti-bureaucratie » pour identifier les processus et règles à éliminer.

Cependant, des spécialistes estiment que toutes les réunions préparatoires n’ont pas vocation à être supprimées. Andy Molinsky, professeur de gestion à la Brandeis International Business School, souligne que ces réunions peuvent servir à peaufiner et valider les idées, renforçant ainsi l’adhésion et l’efficacité.

« Peut-être qu’Amazon pense que la situation s’est rigidifiée », remarque M. Molinsky, ajoutant qu’il faudra voir si les gains en agilité compenseront les pertes en consultation.

Steven Rogelberg, psychologue organisationnel à l’Université de Caroline du Nord, note que ces réunions préliminaires peuvent être cruciales pour certaines décisions. Bien qu’il y ait peut-être un excès, leur élimination totale serait imprudente.

Un symptôme culturel ?

D’un autre côté, un calendrier saturé de réunions peut révéler une culture d’entreprise où les employés craignent les conséquences de ne pas avoir toutes les réponses, selon Jennifer Nahrgang, professeure de gestion à l’Université de l’Iowa.

Différentes stratégies existent pour réduire le nombre de réunions : chez Slack, par exemple, deux semaines par trimestre sont consacrées sans réunions internes, et aucune réunion n’est prévue le vendredi. Shopify a même développé un outil qui évalue le coût de chaque réunion pour les employés. En 2014, Bain & Co. a estimé qu’une réunion hebdomadaire de cadres intermédiaires coûtait 15 millions de dollars par an.

Andy Jassy déclare la guerre à la bureaucratie, un défi que d’autres PDG ont déjà tenté de relever. Selon une récente analyse, réduire la bureaucratie pourrait ajouter 4 800 milliards de dollars au PIB américain, mais ces initiatives échouent souvent.

« C’est un cycle récurrent, il y a toujours un PDG prêt à éradiquer la bureaucratie. Mais comme une mauvaise herbe, elle finit toujours par réapparaître », indique M. Hamel, évoquant une « bureaucra-sclérose » inévitable.

La volonté d’Amazon d’aplanir sa hiérarchie rappelle les initiatives de Meta Platforms, où Mark Zuckerberg a licencié des milliers de gestionnaires en 2023 pour améliorer l’efficacité. Le PDG de Bayer, Bill Anderson, a mis en œuvre un modèle de petites équipes travaillant sur des projets pendant 90 jours, avant de se réorganiser.

Une start-up géante ?

M. Jassy ambitionne de transformer Amazon pour qu’elle fonctionne comme « la plus grande start-up du monde ». Toutefois, M. Hamel souligne que de nombreux PDG ont échoué face à la bureaucratie. Carly Fiorina, par exemple, a promis d’apporter agilité à Hewlett-Packard en 1999, mais après des années de difficultés, elle a été évincée.

La nouvelle génération de géants technologiques réussira-t-elle mieux ? Pour le savoir, tout dépendra de leur approche face à la bureaucratie, selon M. Hamel. « La bureaucratie ne se limite pas à un trop grand nombre de niveaux hiérarchiques ; c’est une mentalité. Il est légitime de s’interroger sur l’excès de réunions. Cependant, retrouver l’esprit d’une start-up est un objectif bien plus ambitieux. La question pour Amazon est donc : à quel point êtes-vous prêt à changer ? »

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