Depuis Madagascar : Macron admet l’échec français au Sahel et accuse la mauvaise gouvernance locale

Depuis Madagascar, Emmanuel Macron a reconnu que la France a payé « le prix de la mauvaise gouvernance politique » au Sahel. Dans un entretien avec TV5MONDE, le président français est revenu sur les revers subis au Mali, au Burkina Faso et au Niger, pointant l’échec des approches militaires et diplomatiques de Paris dans une région désormais dominée par une hostilité assumée à l’égard de la présence française.

Macron se dit marqué par les ruptures successives des régimes sahéliens, désormais tournés vers la Russie. « Des regrets ? Oui, pour la jeunesse de ces pays », a-t-il confié, évoquant les soldats français tombés au combat « pour empêcher que les terroristes djihadistes ne prennent le contrôle ». Il admet que la France n’a pas su dépasser l’approche sécuritaire : « On n’a pas réussi à créer de l’espoir. Dès qu’on neutralisait un groupe, d’autres recrutaient à nouveau faute de perspectives. »

Il affirme que Paris n’était pas complice des régimes renversés : « On nous a demandé de venir, les chefs d’État élus et la CEDEAO. » Mais face à l’absence de projets de développement et de « rénovation démocratique », la France, selon lui, est restée piégée dans une posture figée.

L’échec est aussi institutionnel. « Ensuite, il y a eu des putschs. Est-ce que cela représente le peuple ? Non. Ce n’est pas une élection », tranche-t-il. Pour Macron, la bascule vers Moscou révèle surtout un choix cynique des nouveaux dirigeants : « Ils ont appelé les Russes, non pour leurs peuples, mais comme dernier recours pour leur propre sécurité. »

À mesure que l’influence française s’effondre sur le continent avec des retraits militaires actés au Mali, au Niger, au Burkina Faso, en Centrafrique et même au Tchad la critique s’intensifie. Un rapport du Sénat français publié en janvier 2025 a qualifié la politique africaine de Macron d’ »enchaînement d’échecs ».

Sur un autre front, celui de l’est de la RDC, Macron a appelé à la cohérence diplomatique. Il dénonce les interventions étrangères et les ingérences sur les ressources congolaises. « On ne peut pas accepter pour la RDC ce qu’on dénonce en Ukraine », affirme-t-il, fustigeant toute violation de la souveraineté congolaise.

Concernant les tensions entre Kinshasa et Kigali, Macron rejette les accusations de complaisance avec le Rwanda. Il met en avant son rôle de médiateur dans les processus de Luanda et de Nairobi, et soutient l’initiative africaine menée par João Lourenço, Faure Gnassingbé et les présidents kenyans.

Pour lui, la solution passe par une désescalade diplomatique et un dialogue régional. Mais sur le terrain, les accusations fusent. En mars, Paris a demandé le retrait des forces rwandaises du territoire congolais. Kigali a nié toute présence militaire, qualifiant les rapports de l’ONU de « fallacieux ». Le ministre rwandais Olivier Nduhungirehe a dénoncé les alliances du président Tshisekedi avec des groupes armés hostiles à son pays, affirmant que le Rwanda n’avait mené que des opérations défensives à sa frontière.

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