Vietnam : le journal intime de guerre de Nghiêm Sy Thai refait surface près de 60 ans après sa disparition

Retrouvé presque six décennies après avoir été confié à un responsable militaire, le journal intime de Nghiêm Sy Thai, ancien reporter de guerre, a été remis officiellement au Vietnam le 18 avril 2025. Ce carnet, disparu depuis l’Opération 935 en 1968 dans la zone de Binh Tri Thiên, vient d’être restitué par l’ambassade des États-Unis, dans un geste aussi inattendu que symbolique.

Né en 1942 à Duc Tho (province de Hà Tinh), Nghiêm Sy Thai fut l’un des reporters les plus aguerris de l’Agence « Giai Phong » (Libération). Dans son journal, il consignait son quotidien d’étudiant puis ses années de couverture du conflit depuis les zones de combat du Centre vietnamien. Avant de partir pour Tri Thiên, il avait confié son carnet au Département logistique militaire. Mais à la suite des bombardements américains, le document était présumé détruit.

Début avril, un appel bouleverse sa routine : son carnet a refait surface. Le 17 avril, une cérémonie officielle est organisée à Hô Chi Minh-Ville pour la remise de plusieurs objets historiques, sous l’égide du Comité directeur 515 de la région militaire 7 et de l’attaché de défense américain. Parmi les documents rendus, celui de Nghiêm Sy Thai. Une restitution que le journaliste commente avec émotion : « Ce n’est pas qu’un simple objet. C’est une part de ma mémoire, une part de moi-même. »

Le carnet, bien que représenté par une copie (l’original est conservé par les autorités américaines), révèle des scènes crues du front : des soldats luttant contre le paludisme, la faim, le manque de médicaments, des traversées périlleuses de rivières, ou encore des nuits dans des hameaux désertés.

La dernière entrée, rédigée durant le Têt 1967, relate un moment de répit à Co Bi, dans la commune de Phong An. Malgré la guerre, les villageois y avaient accueilli le jeune reporter avec chaleur et lui avaient offert des mets rares comme des gâteaux traditionnels et du lait concentré.

Au fil de sa carrière, Nghiêm Sy Thai a dirigé les branches de l’Agence « Giai Phong » à Thua Thiên-Huê puis de l’Agence vietnamienne d’information à Lâm Dông. Ses clichés marquants, notamment ceux illustrant la chute d’un hélicoptère UH-1H et la capture de pilotes américains, ont traversé les frontières.

Ce journal ne porte pas seulement la voix d’un homme. Il incarne une mémoire vive, un pont entre les générations et un symbole de réconciliation. Comme le souligne le reporter : « Il témoigne de notre histoire, mais aussi de l’espoir d’un avenir commun entre nos peuples. »

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