Après plusieurs mois de tensions diplomatiques, le Niger et le Nigéria s’engagent dans une phase de décrispation. Ce mercredi 16 avril, le chef de la diplomatie nigériane, Yusuf Maitama Tuggar, est attendu à Niamey pour une visite de travail. Objectif : renforcer les liens bilatéraux et renouer un dialogue fragilisé depuis le coup d’État du 26 juillet 2023 au Niger.
Ce déplacement fait suite à une première rencontre en mars entre Bakary Yaou Sangaré, ministre nigérien des Affaires étrangères, et l’ambassadeur du Nigéria à Niamey. Les discussions avaient alors porté sur la sécurité transfrontalière, un enjeu crucial pour les deux pays confrontés à la menace terroriste et à la criminalité organisée dans la zone frontalière.
Niamey avait exprimé des réserves sur un nouveau dispositif frontalier jugé contraignant pour les populations riveraines. Une concertation technique a été envisagée pour désamorcer les tensions, tout en maintenant la coopération sécuritaire.
Dans cette optique, le Niger a lancé l’opération « Nalewa Dole » à Diffa, marquant une réorientation stratégique après son retrait de la Force multinationale mixte. Cette décision traduit la volonté du régime militaire de renforcer l’autonomie des forces armées, en particulier dans les zones sensibles.
Ce rapprochement intervient dans un contexte régional tendu. Le retrait du Niger, du Mali et du Burkina Faso de la Cédéao en janvier 2025 a bouleversé les équilibres diplomatiques. Une médiation conduite en mars par le président ghanéen John Dramani Mahama dans les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) vise à éviter une rupture totale avec la Cédéao.
Malgré des gestes d’apaisement, les divergences persistent. Le Général Tiani a accusé Abuja de collusion avec la France pour déstabiliser son pouvoir, des accusations rejetées par le Nigéria. Le général Christopher Musa, chef d’état-major nigérian, a réaffirmé l’importance des liens historiques entre les deux pays, niant toute hostilité.
La visite de Yusuf Maitama Tuggar pourrait marquer un tournant. Mais elle intervient dans un climat encore fragile, où la méfiance persiste malgré les signaux d’ouverture.
