Soudan : l’armée reprend le contrôle à Khartoum, le conflit entre dans sa 3e année

Le Soudan est plongé dans une guerre entre l’armée régulière et les Forces de soutien rapide (FSR) depuis le 15 avril 2023. Trois ans après le début des affrontements, le pays est toujours en guerre, marqué par une crise humanitaire sans précédent. Le 26 mars 2025, l’armée a repris le palais présidentiel, bastion des FSR depuis deux ans. Le général Abdel Fattah al-Burhan, chef du Conseil de souveraineté, s’y est rendu trois jours plus tard, affirmant que « Khartoum est désormais libre ». L’armée contrôle désormais la majeure partie de la capitale et a libéré plus de 4 000 otages. Elle a également reconquis des zones stratégiques comme le marché Libya à Omdurman et les provinces de Sinnar, Jazira et du Nil blanc.

Malgré ces victoires, les combats se poursuivent. Les FSR ont intensifié leurs attaques sur Fashir, capitale du Darfour Nord, assiégée depuis mai 2024. Elles tiennent toujours quatre des cinq États du Darfour et sont actives dans plusieurs zones du Kurdufan.

Une guerre née d’un désaccord sur l’intégration des FSR

À l’origine, les FSR sont issues de la milice Janjaweed, utilisée par l’ancien président Omar el-Béchir pour réprimer la rébellion au Darfour en 2003. L’État a progressivement tenté de les institutionnaliser, jusqu’à leur reconnaissance officielle en 2017. Leur chef, Mohamed Hamdan Dagalo, alias « Hımidti », a profité de l’exploitation des mines d’or et de la participation aux conflits au Yémen et en Libye pour renforcer son pouvoir économique et militaire.

Après la chute de Béchir en 2019, l’armée et les FSR ont cohabité au sein d’un gouvernement de transition. Mais les tensions se sont accrues autour du processus d’intégration des FSR dans l’armée. L’armée réclamait un délai de deux ans ; Hımidti exigeait dix. Le 13 avril 2023, les FSR ont massé des troupes autour de l’aéroport de Merevi, précipitant l’affrontement.

Une crise humanitaire massive

Le conflit a plongé le pays dans le chaos. Plus de 11 millions de personnes ont été déplacées, dont près de 4 millions ont fui vers les pays voisins. Selon l’ONU, plus de 30 millions de Soudanais – soit plus de la moitié de la population – ont besoin d’aide humanitaire.

Les infrastructures sont dévastées. Des ponts, des stations d’eau, des bâtiments administratifs, des musées et même l’aéroport international de Khartoum ont été endommagés ou détruits. Le système de santé s’est effondré, laissant des millions d’enfants sans soins ni scolarité. On estime à plus de 150 000 le nombre de morts, bien que les chiffres officiels annoncent 20 000 victimes.

Le conflit se prolonge

Malgré les avancées de l’armée, la guerre est loin d’être terminée. Les FSR conservent une forte capacité de nuisance et contrôlent encore une grande partie de l’ouest du pays. Le Soudan s’enlise dans une guerre qui, chaque jour, détruit davantage ses structures, ses vies et son avenir.

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