Invité de l’émission « Le Grand Invité Afrique » sur RFI, de ce lundi dix mars 2025, l’ancien président du Bénin, Nicéphore Soglo, a abordé plusieurs sujets liés à la situation politique du pays. Il s’est exprimé sur les libertés publiques, l’élection présidentielle de 2026 et le départ annoncé de Patrice Talon. Voici son verbatim.
Alors pendant la campagne de 1996 vous racontez comment l’opposition a fait campagne contre vous en disant que vous étiez l’homme de la dévaluation de 1994 est-ce que vous ne regrettez pas d’avoir laissé le Premier ministre français de l’époque Édouard Balladur vous imposer un taux de dévaluation très brutale de 50 % ?
Écoutez, c’est la France qui doit payer à la place des débiteurs africains et son premier ministre dit je ne paye pas que vous voulez vous qu’on fasse ? Qui peut forcer la France à payer ? Non, je crois que tout le monde était convaincu que bon la décision appartient à la France, et allez a dit qu’elle ne pouvait pas supporter les dettes de ses ancêtres, colonies, et ça se fait comme ça. Supposons que Donald Trump se lève en disant je coupe, on a vu déjà ce qu’il a commencé par faire et comment les gens réagissent. Imaginez vraiment que quelqu’un vous torde la main de cette manière là mais on n’avait pas le choix et tout le monde est surpris que on est partir d’un taux de croissance négatif de moins 3 à plus 6 en l’espace simplement d’un mandat.
Alors au final vous écrivez que cette dévaluation de 94 et bien elle a profité économiquement au pays africains un remède de cheval aussi fort vraiment ça a été utile vraiment ?
Ceux qui ont pu survivre, parce que ça a été violent, bon mais, on a dû s’adapter et trouver nous-mêmes nos propres solutions pour ce qui concerne le coton chez moi. J’ai dit en ce moment là, il faut que nous puissions industrialiser l’Afrique.
Alors comment remplacer ce franc CFA aujourd’hui est-ce qu’il faut une monnaie nationale pour chacun des pays d’Afrique de l’Ouest par exemple ou une monnaie commune ?
Écoutez, les peuples du Nigeria, du Bénin ou bien les peuples du Togo tout ça, ce sont les mêmes, pourquoi ce que l’Europe a réalisé au sortir de la guerre, nous on ne pourra pas le faire également ? On doit vraiment créer une monnaie commune.
Alors vous écrivez, monsieur le Président que 30 ans après votre départ du pouvoir vos successeurs n’ont pas su tirer profit de l’élan économique et démocratique que vous avez donné à votre pays, quel est votre principale regret depuis 30 ans ?
Moi, je crois que c’est parce qu’ils n’ont pas une vision qui est de bâtir un ensemble de l’Afrique de l’Ouest pour avoir un monde de paix.
Et vous écrivez que sur le plan des libertés publiques la situation au Bénin est devenue irrespirable car plusieurs opposants politiques ont été jetés en prison à qui pensez-vous ?
Moi je n’ai jamais mis quelqu’un en prison. Je je n’ai jamais mis des gens en exil. Non, ça n’a pas de sens. Je parle au Président Talon. J’ai demandé encore une audience. C’est moi, entre soutenant c’était permis d’être Président. Et je dis que cette année, l’année 2025, tu dois libérer tous les prisonniers politiques, les Reckya, le Prof Aïvo, tous ceux qui sont en prison et tu dois permettre à mon fils, Léhady, à qui tu as collé 10 ans, ça va durer combien de temps ? Et en même temps j’essaie de donner de bons conseils en disant, le pouvoir n’est jamais facile quand tu as un pouvoir il faut savoir comment l’utiliser. Mais là, cette année, on doit libérer tous les prisonniers politiques sans exception, je lui dit ça.
Et quand vous lui dites ça qu’est-ce qu’il vous répond ?
Pour le moment, il ne me répond pas correctement.
Alors l’élection présidentielle au Bénin c’est dans un an est-ce que vous êtes confiant ou inquiet avant ce grand rendez-vous politique ?
Non ! Moi, je sais que mon peuple à la capacité de rebondir. D’abord, on aura libéré tous les prisonniers politiques Reckya Madougou, Joël Aïvo, tous les exilés seront rentrés et diront au Président Talon, ce qui pense de lui, de sa manière de gouverner un pays.
Est-ce que vous pensez que le Président Talon tiendra parole et quittera le pouvoir dans un an ?Je suis persuadé que s’il ne le quitte pas, il aura choisi son destin.
Vous n’êtes pas inactif…puisque l’an dernier avec un autre ancien président Thomas Boni Yayi, vous êtes allés à Niamey, pour essayer de faire rouvrir la frontière entre le Niger et le Bénin, vous n’y êtes pas arrivé, est-ce que vous êtes déçu ?Non ! Je suis invité à nouveau par le Général Tiani et je vais aller là-bas.
Et vous irez quand à Niamey ?
Pour le moment, j’attends l’ambassadeur ici au Bénin, et on verra comment se passeront. J’irai avec le Pr Boni Yayi comme la dernière fois.
Réalisation : RFI
Transcription : KAWERU
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