Huit ans après le lancement de ses réformes institutionnelles, l’Union africaine (UA) a réuni ses dirigeants à Nairobi pour tracer les grandes lignes d’une organisation plus performante et indépendante, capable de répondre efficacement aux défis sécuritaires et économiques du continent.
Les 26 et 27 janvier 2025, une retraite de haut niveau sur la réforme de l’UA s’est tenue à Nairobi, sous la présidence du président kényan William Ruto, désormais considéré comme le principal défenseur des réformes au sein de l’organisation panafricaine.
Lors de cette rencontre déterminante, plusieurs chefs d’État ont pris part aux discussions, et le président Ruto a proposé la création d’un comité des chefs d’État chargé de superviser le processus de réforme de l’UA. Il a également suggéré l’organisation d’un sommet extraordinaire dans les mois à venir pour examiner les progrès réalisés.
Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a dressé un bilan des avancées depuis le début des réformes en 2017, en mettant en avant la transformation du NEPAD en une agence de développement ainsi que le renforcement du Fonds pour la paix, dont l’objectif de 400 milliards de dollars a été atteint.
Au nom du président mauritanien Mohamed Ould Cheikh el-Ghazouani, président en exercice de l’UA, le ministre des Affaires étrangères Mohamed Salem Ould Merzoug a souligné que la réforme de l’UA n’était pas seulement une nécessité, mais un impératif moral, en citant l’exemple de la crise de l’élection des dirigeants de la Commission en 2024, qui a été résolue grâce à l’intervention du président mauritanien.
Le président comorien, Azali Assoumani, a salué les progrès réalisés, tout en appelant à une adaptation continue de l’organisation face aux nouveaux défis, notamment les conflits persistants en Afrique.
Le président de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, a pour sa part insisté sur l’importance pour tous les États membres de respecter leurs engagements financiers, en particulier la taxe de 0,5% décidée à Kigali, destinée à financer les activités de l’UA.
Le président éthiopien, Tayé Sélassié, a abordé cinq points essentiels, dont l’inclusivité du processus de réforme et la souveraineté financière de l’organisation. Il a également proposé la création d’une direction dédiée aux opérations de soutien à la paix.
Le président ghanéen, John Dramani Mahama, a insisté sur la nécessité de simplifier les processus décisionnels de l’UA et de réduire les inefficacités bureaucratiques. Il a également souligné l’importance de mieux inclure les jeunes, qui représentent plus de 60% de la population africaine.
William Ruto a exprimé l’urgence de revitaliser l’architecture de paix et de sécurité de l’UA, soulignant que les conflits coûtent environ 18 milliards de dollars chaque année à l’Afrique et causent des déplacements massifs de populations. Il a proposé la création d’un panel de haut niveau pour examiner les mécanismes de paix et de sécurité de l’UA.
Le président kényan a recommandé de limiter l’ordre du jour des sommets de l’UA à trois points stratégiques pour en améliorer l’efficacité et d’adopter un format de sessions permettant à chaque chef d’État de s’exprimer en 7 à 10 minutes.
La question du financement de l’UA a également été abordée, avec un budget qui reste stagnant depuis 2020 malgré l’élargissement des mandats. Il a été suggéré qu’une session extraordinaire du Conseil exécutif avec les ministres des Finances soit organisée pour explorer des solutions de financement durable.