Le climat diplomatique entre le Niger et la Côte d’Ivoire se tend davantage après l’arrestation de 124 ressortissants nigériens à Abidjan. Cette opération de rafle, réalisée par les autorités ivoiriennes, est contestée par le gouvernement nigérien, qui a adressé une note officielle à son ministère des Affaires étrangères.
Selon l’ambassade du Niger à Abidjan, les arrestations ont eu lieu dans plusieurs quartiers de la capitale économique ivoirienne. Parmi les personnes interpellées se trouvent des hommes (74), des femmes (18), des enfants (32), ainsi que des personnes âgées. La mission diplomatique nigérienne a exprimé son mécontentement, précisant que ces arrestations ont été effectuées sans concertation préalable avec l’ambassade. Les autorités nigériennes ont fait part de leurs tentatives pour récupérer les arrestés afin de garantir leur sécurité en attendant leur rapatriement, mais ces démarches sont restées sans réponse. En conséquence, l’ambassade a décidé de fermer temporairement ses services consulaires pour mieux gérer la situation.
Concernant l’avenir des personnes arrêtées, aucune précision n’a encore été donnée, notamment sur leur rapatriement.
Une répression renforcée de la mendicité en Côte d’Ivoire
L’incident s’inscrit dans un contexte où la Côte d’Ivoire renforce sa politique de lutte contre ce qu’elle appelle le « désordre urbain ». Bien que la mendicité ait été interdite dans le pays depuis 2013, les autorités d’Abidjan, sous la direction du ministre-gouverneur Ibrahim Cissé Bacongo, ont intensifié les contrôles depuis début 2024, visant particulièrement la mendicité et le commerce ambulant. De nouvelles restrictions ont été mises en place pour éradiquer ces pratiques, avec des contrôles accrus dans les rues et sur les grandes artères d’Abidjan.
Des tensions diplomatiques croissantes
L’arrestation des ressortissants nigériens survient dans un contexte de relations tendues entre les deux pays. Le général Abdourahamane Tiani, à la tête du gouvernement militaire du Niger, a récemment accusé la Côte d’Ivoire de soutenir des dissidents nigériens en exil, qu’il prétend être formés par les forces ivoiriennes pour déstabiliser son régime.
Cette tension est exacerbée par l’arrestation d’Aziz Diallo, directeur général de Canal+ Côte d’Ivoire, à Niamey, et la détention du journaliste ivoirien-nigérien Serge Mathurin Adou, incarcéré au Niger depuis plusieurs mois pour des accusations de « tentative de déstabilisation ».